Marie, pleine de grâce

Entretien / Marie Vialle, comédienne talentueuse, musicienne et metteur en scène revient aux Subsistances avec une nouvelle création, Le Triomphe du temps, sur les textes de Pascal Quignard. Rencontre. Propos recueillis par Dorotée Aznar


Pascal Quignard a écrit ces textes pour vous, pouvez-vous nous expliquer comment s'est déroulée votre rencontre ?Marie Vialle : Je ne connaissais pas Pascal Quignard personnellement. Je travaillais sur ses textes, il est venu voir mon spectacle (Le Nom sur le bout de la langue) à Paris puis m'a proposé d'écrire la suite. Ce nouveau texte est donc écrit pour que nous poursuivions notre cheminement ensemble. Je pense que ma manière de chercher quelque chose de théâtral l'intéresse. Comme lui, vous êtes violoncelliste, dans Le Nom sur le bout de la langue, vous aviez d'ailleurs votre instrument sur scène...Quand je parle de mon travail avec Pascal Quignard, nous ne parlons jamais de musique mais effectivement, même si ce sujet n'est jamais précisément abordé, nous avons une façon de nous entendre.Suit-il votre travail ?Je suis entièrement libre, je n'ai pas de metteur en scène. L'auteur me fait entièrement confiance. Bien sûr, j'ai un dialogue avec lui et si je prenais des routes à l'inverse de ce qu'il souhaitait, je pense qu'il me l'aurait dit. Il cherche avec moi, et moi dans ses textes.Que cherchez-vous ?Je ne sais pas vraiment, j'aime être obligée d'inventer. inventer un rapport avec un partenaire, inventer un jeu, pouvoir percevoir l'attente chez le spectateurAvez-vous une conception particulière du travail de mise en scène ?Non, je n'ai pas de conception de la mise en scène, je travaille à partir de mes sensations d'actrice. Le noyau de ce que l'on pourrait appeler "ma mise en scène", c'est la lecture que je fais du texte, les images qui me viennent.Travailler sur des contes fait-il de vous une conteuse plus qu'une comédienne ?Non, je ne me sens pas conteuse, je cherche à interpréter le texte, c'est pour moi une recherche d'actrice. Je veux que le fil de l'histoire soit tendu, qu'il y ait un suspense. Les textes de Pascal Quignard sont d'une richesse incroyable même s'ils sont très simples. Si je parviens à me situer au bon endroit du texte, je sais que les spectateurs pourront percevoir quelque chose. Et c'est cela qui m'intéresse, je ne veux pas qu'il s'agisse uniquement de ma lecture mais au contraire que les imaginaires puissent s'engouffrer dans les mots.Cette fois vous êtes sur scène avec un autre comédien...Oui, je travaille avec Lam Truong. Il sera presque silencieux, mais j'ai le sentiment que nous portons l'histoire à deux, avec son silence et ma parole. Les deux rôles sont indispensables. À deux, nous formons la note juste.Le Triomphe du tempsAux SubsistancesDu 29 septembre au 1er octobre puis du 3 au 7 octobre


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