Au corps de la ville

Pendant trois semaines, Lyon va vivre au rythme effréné et bariolé de la Biennale de la Danse. Une 12e édition consacrée aux liens de la danse à la ville. Jean-Emmanuel Denave


Avec 6 millions d'euros de budget, 600 artistes, 40 compagnies et 33 lieux de représentation, la Biennale de la Danse 2006 reste le festival chorégraphique le plus important au monde et l'événement culturel phare de la cité lyonnaise. Cette édition est, selon Guy Darmet (directeur artistique de la biennale depuis sa création en 1984), "un tournant" : "Nous avons presque fait le tour du monde. Nous avons gagné la bataille de la démocratisation de la danse : il n'y a pas d'agglomération qui ait un public danse aussi important" (public qui s'est néanmoins un peu tassé en 2004 avec 75 000 spectateurs au lieu des 87 000 de 2002). Après deux premières éditions consacrées aux grands courants de la danse contemporaine, et les suivantes consacrées à de grands secteurs géographiques (L'Europe en 2004), la 12e Biennale de la Danse 2006 change de cap et s'attèle à un "sujet de société" : la ville, la place du corps dans l'environnement urbain... Danse la ville donc. Mais, comme d'habitude, la thématique reste très élastique et englobe plusieurs sous-thématiques hétéroclites : les danses urbaines (avec les Pockemon Crew ou le pionnier du hip-hop Storm) ; les villes "qui ont la danse au cœur" avec le flamenco à Séville, le tango à Buenos Aires et la samba (entre autre) à Rio de Janeiro ; des chorégraphes travaillant le rapport spécifique du corps à l'architecture urbaine (Frédéric Flamand) ; des interventions chorégraphiques gratuites en extérieur au sein de l'espace public (Julie Desprairies, Jean-Claude Charles et Bernard Menaut)... Bal schizoCette élasticité œcuménique de la programmation est l'une des principales critiques adressées à la biennale par ses détracteurs. L'événement manquerait de lisibilité artistique, de coudées franches et de prises de risques. Un "qui trop embrasse mal étreint" auquel Guy Darmet répond par sa passion de "toutes les danses" et son souci de la diversité du public... Nous jugerons quant à nous l'événement spectacle par spectacle, pas mécontents a priori de pouvoir louvoyer, schizophrènes, d'une création du radical Rachide Ouramdane (avec le Ballet de l'Opéra) au flamenco le plus traditionnel de la famille Farruco, du glacial et implacable japonais Kim Itoh à un coup de projecteur sur la création africaine, du hip-hop au néo-classicisme de Nacho Duato... Sans oublier : la charnelle canadienne Marie Chouinard, les dernières créations des Ballets C. de la B. ou du chorégraphe belge Frédéric Flamand, et la pièce déjà légendaire de Jan Lauwers (La Chambre d'Isabella). La biennale c'est aussi : la projection place des Terreaux de West Side Story et des Demoiselles de Rochefort, la 6e édition du Défilé inspiré du carnaval de Rio (avec 4500 participants dirigés par une vingtaine de chorégraphes dont Annick Charlot, Mourad Merzouki de la Cie Käfig...), plusieurs spectacles jeune public, deux bals thématiques (Bal Bollywood et Bal électro)...Danse la ville, Biennale de la danse 2006Du 9 au 30 septembre www.biennale-de-lyon.org 04.72.00.21.70


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