"Ne pas envoyer les artistes dans le mur"

Entretien / Jacques Fayard, directeur du Théâtre de l'Elysée Propos recueillis par DA


Votre théâtre se démarque des autres structures. Par exemple, vous êtes l'un des seuls à ne pas proposer de programmation annuelle...Jacques Fayard : C'est un choix, nous voulons avoir la possibilité de créer dans l'urgence, garder notre fonction de découverte. Cela sous entend le désir et l'immédiateté. Les "grosses structures" planchent déjà sur les saisons 2007-2008 et peu de salles laissent un créneau pour les spectacles découverts la saison d'avant, nous essayons de combler un peu ce vide...Vous avez participé à "découvrir" beaucoup de jeunes talents, comment faites-vous vos choix de programmation ?Je travaille avec ma femme, nous ne sommes pas issus du "sérail théâtral". Notre moteur, c'est la prise de risque. On laisse mûrir les choses, on suit les artistes et les projets pendant plusieurs années, à l'instar d'un Emmanuel Meirieu, d'un Christophe Serpinet ou d'un David Moccelin. En fait, nous n'essayons pas de remplir à tout prix des programmations. Par ailleurs, nous avons également un réseau "informel" de sélection. Enfin, nous ne souhaitons pas nous cantonner à Lyon mais au contraire élargir notre palette.Vous ne vous envisagez pas comme un lieu de diffusion ?Non, la diffusion de spectacle n'est pas notre principal créneau. Nous avons une petite jauge (70 personnes), nous avons envisagé notre rôle en terme de "découvreur", d'accompagnateur. À ce propos, il y a d'ailleurs un vrai problème dans notre région : si les aides à la création existent bel et bien (Ville, DRAC...), il y a en revanche peu d'aide à la diffusion. Pour pouvoir survivre, une compagnie doit être constamment en création et cela n'a pas vraiment de sens. Il faudrait une sorte d'agence régionale de diffusion théâtrale qui sélectionne quelques spectacles et les aide à tourner. Ce n'est pas le tout d'alimenter une ville en comédiens et en créations si l'on n'élargit pas le marché de la diffusion... C'est le meilleur moyen pour envoyer les artistes droit dans le mur !


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