Enfants gâtés

Jeunes publics / Un Centre Dramatique National rien que pour eux et une saison 2006-2007 marquée par la Biennale du théâtre Jeunes Publics, les enfants obtiennent, sans rien demander, une jolie part du gâteau culturel local. Dorotée Aznar


S'il est un registre où Lyon n'a pas rougir de ses atouts, c'est sans doute celui du théâtre jeunes publics. Hommes et structures dévoués à nos progénitures offrent des programmations aussi denses que qualitatives. Du côté du Théâtre Nouvelle Génération, tout d'abord. Nino d'Introna, le nouveau directeur de ce Centre Dramatique National a désormais pris ses marques et imposé sa griffe, sa première saison complète au TNG s'étant soldée par des taux de remplissage des spectacles de près de 98 %, un très joli score. "Les spectacles complexes, expérimentaux ont été très bien acceptés par les publics. En tant que CDN, c'est notre rôle de prendre des risques", assure Nino d'Introna. Des risques que ne dément pas la programmation fraîchement imprimée, où l'on compte 6 créations sur 16 spectacles et où l'on constate avec plaisir une ouverture accrue à l'international (Italie, Suisse, Belgique...) et une volonté de poursuivre les collaborations avec d'autres institutions lyonnaises (Maison de la danse, Opéra). Les publics visés sont larges, de 3 à 17 ans, avec une véritable programmation pour les adolescents, qui en général se retrouvent, lors de leurs premières expériences théâtrales, face à des spectacles destinés aux adultes et qui ne leur correspondent pas réellement.Ça bouge encore...Puisque l'optimisme est de bon ton, au moins en début de saison, on se réjouira également comme il se doit de l'anniversaire de la Biennale du Théâtre Jeunes Publics, qui fêtera ses 30 ans en juin et profitera de l'occasion pour saluer le travail des metteurs en scène qui ont jalonné ces 16 éditions. Le travail des "anciens" sera mis en perspective avec la jeune génération de metteurs en scène dont les choix de création sont aujourd'hui plus qu'hier, dictés par les impératifs économiques. En juin toujours, les deux directeurs artistiques de la Biennale proposeront leurs propres créations. Michel Dieuaide poursuit en effet son travail avec le Quatuor Debussy et s'attaque à un opéra pour la jeunesse, à la demande de l'Opéra de Lyon. Jérémy Fischer de Mohamed Rouhabhi, étonnante histoire d'un enfant qui se métamorphose en poisson, déjà jouée au théâtre, sera cette fois adaptée pour des chanteurs lyriques et un chœur d'enfants. Maurice Yendt adaptera quant à lui Poupées de chiffon, qui met en scène l'enfance bafouée dans un univers rongé par la pauvreté. "Le théâtre bouge parce qu'il souffre trop", confie Michel Dieuaide. À croire (mais pas trop fort) que seule la souffrance génère encore de la créativité.


<< article précédent
Sous le soleil exactement