Le bal est ouvert

Passé le blockbuster de la Biennale, la saison danse démarre dès octobre sur les chapeaux de roue. Notamment au Toboggan de Décines dont la programmation est, cette année, très impressionnante. Jean-Emmanuel Denave


Rafraîchissons-nous un peu la mémoire : avec l'ouverture l'an dernier d'une nouvelle petite salle à la Maison de la Danse (Studio Jorge Donn), d'un plateau de danse au Croiseur et du nouveau bâtiment du Centre Chorégraphique National de Maguy Marin à Rillieux-la-Pape (avec une salle de représentation de 154 places), l'agglomération lyonnaise, déjà fort bien lotie en matière chorégraphique (avec la Biennale, le Ballet de l'Opéra, la Maison de la Danse, les Subsistances, le CNSMD et le Toboggan), a de quoi ravir les amateurs de danse ! Côté programmation, cette saison, le Toboggan de Décines fait figure de locomotive. Cet espace pluridisciplinaire multiplie depuis peu les expériences chorégraphiques (souvent en très étroit partenariat avec la Maison de la Danse qui y "délocalise" une partie de sa programmation), s'affirmant comme l'une des grandes scènes danse de l'agglomération. Sa saison 2006-07 s'annonce comme une apothéose avec pas moins de 16 spectacles programmés dont quelques chefs d'œuvres... Comme la reprise de May B de Maguy Marin, pièce créée en 1981 pour une grappe de danseurs saugrenus évoluant parmi la poussière, l'absurdité et la drôlerie de l'univers de Beckett. La chorégraphe présentera en écho sa dernière création, Ha ! Ha !, symphonie, aussi dérangeante que stupéfiante, pour sept danseurs immobiles raillant la connerie contemporaine à la force de leurs zygomatiques. D'autres pistes...Autres moments forts au Toboggan : Puzzle danse, projet original croisant les univers de deux chorégraphes français (dont Jean-Claude Gallota) et de deux chorégraphes canadiens, la reprise de La Place du Singe de Mathilde Monnier avec l'éructante Christine Angot, une soirée consacrée à l'inégal, mais très en vogue, chorégraphe anglais Russel Maliphant, une nouvelle création d'Odile Duboc... On en oublierait presque de se déplacer à la Maison de la Danse qui, comme à l'accoutumée, fera cette année le grand écart entre le contemporain (Gallotta, le Ballet Cullberg...) et le spectacle grand public, l'expérimental (au Studio Jorge Donn) et des formes de danse plus traditionnelles (le flamenco très classe de Mercedes Ruiz par exemple). Parmi cette programmation patchwork, nous retiendrons à brûle pourpoint : la pièce de Josef Nadj créée au Festival d'Avignon 2006, Abobu, en hommage à l'univers d'Henri Michaux ; l'étrange dialogue de Jérôme Bel avec un jeune danseur thaïlandais, spécialiste des danses royales de style Khon (!) ; le prometteur Hell d'Emio Greco et Pieter C. Scholten, spectacle incandescent et furieux inspiré de l'Enfer de Dante et du Huis Clos de Sartre, emporté par la 5e Symphonie de Beethoven... Enfin, à l'Opéra, on pourra revoir Limb's Theorem de William Forsythe, trois pièces du grand Jiri Kylian, ou se risquer à la soirée concoctée par le chorégraphe Russel Maliphant et la danseuse étoile Sylvie Guillem.


<< article précédent
Bas les masques !