Sous le signe de l'Hexagone


Cinéma français / N'y allons pas par quatre chemins : le cinéma français n'est pas ce qui nous fait le plus bander en cette rentrée 2006. Il y a pourtant des choses prometteuses : Avida (lire plus bas), un nouveau film d'Alain Resnais (Cœurs), le retour de Pascale Ferran 13 ans après L'ge des possibles pour une adaptation de L'Amant de Lady Chatterley, le passage au cinéma "traditionnel" du réalisateur porno Martin Cognito (Exes) ou, marotte personnelle, la nouvelle œuvre du plus libre et insaisissable de tous les cinéastes français, Pascal Thomas (Le Grand appartement). On pourra même avoir de bonnes surprises, comme la jolie adaptation par Philippe Lioret du bouquin d'Olivier Adam, Je vais bien, ne t'en fais pas, ou Indigènes de Rachid Bouchareb, auréolé de son quadruple prix d'interprétation à Cannes, qui offre enfin une vraie fenêtre sur l'histoire française vue depuis son grand ailleurs oublié (les tirailleurs étrangers pendant la deuxième guerre mondiale). De quoi se plaint-on, alors ? D'un symptôme inquiétant : la multiplication des films d'acteurs, après la mode éphémère (et pour cause, faut voir les nanars que ça a engendrés !) des films de producteurs. Cette saison, Guillaume Canet, Jean-Pierre Darroussin, Antoine De Caunes, Zabou Breitman et Roschdy Zem seront les "cinéastes" français de la rentrée. Certains ayant déjà commis quelques films redoutables (saurez-vous les reconnaître dans la liste ?), il y a de quoi se faire du mourron... Dans le même temps, un des grands metteurs en scène hexagonaux contemporain, Guillaume Nicloux, en est réduit après deux échecs totalement injustifiés (Une affaire privée et Cette femme-là) à honorer une commande improbable, l'adaptation de l'impossible Concile de Pierre de Jean-Christophe Grangé, avec gros moyens et casting de prestige (BellucciDeneuve). Terrible paradoxe qui voit les producteurs faire plaisir à quelques stars plutôt que d'investir dans des cinéastes exigeants et talentueux... Mais il est vrai que si les Noiret, Rochefort, Serrault ou Ventura n'ont jamais souhaité passer derrière la caméra, c'est aussi parce que, de Ferreri à Mocky en passant par Cavalier ou Melville, ils avaient des metteurs en scène à leur hauteur pour les diriger...CC


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