Le bel endormi

Entretien / Sur son petit dernier, Jacket Full of Danger, Adam Green s'auto-proclame crooner tout terrain au service de ses prods léchées. Interview téléphonique aux limites de l'intelligible avec un Adam en pleine tournée, qui "n'a pas dormi depuis deux jours", en attendant de le voir pour de vrai avant les Strokes. Propos recueillis par François Cau


Ton nouvel album a encore une fois un côté frustrant de par sa durée...Adam Green : C'est tout de même une demie heure... Ce n'est pas court, c'est... bref. Quand j'écris, j'ai peur que les gens ressentent ce que je ressens quand j'écoute de la musique, qu'ils s'ennuient. C'est dur à dire parce que... Je n'essaie pas de gagner du temps artificiellement en faisant des boucles qui ne rimeraient à rien. C'est un truc aussi pour que l'album puisse s'écouter deux fois d'affilée, qu'une fois fini on ait envie de le faire reprendre du début.On sent une distance grandissante avec la scène anti-folk ?Le style de composition a changé. Chaque fois que j'écris une chanson je me mets dans une perspective différente. Pour conserver l'intérêt de la chose.L'aspect graveleux des paroles ne manque pas à l'appel. Tu n'es vraiment pas romantique ou tu fais semblant de ne pas l'être ?Un peu des deux... Je ferais n'importe quoi pour une fille, et l'instant d'après je ne peux pas me trouver dans la même pièce qu'elle... Je ne sais pas, des fois j'ai juste envie d'être... libre, c'est bizarre.Depuis Gemstones, ta voix prend de l'assurance.C'est un instrument que j'apprends à maîtriser d'album en album... J'étais et je reste dans une sorte d'utilisation macho de ma voix, d'une façon de plus en plus affirmée. Ça me donne l'impression d'être un genre de... super-héros, à la Superman. Ça vient de mon estomac, comme me l'a appris mon oncle, un chanteur de blues qui m'a enseigné les rudiments. C'est la voix que je fantasmais d'avoir étant gamin. J'étais en adoration devant les disques d'Elvis, il pouvait changer de voix à volonté, passer d'une technique vocale à une autre en une mesure. Ressembles-tu au branleur que tout le monde décrit ?J'essaie juste de faire de la musique qui vienne du cœur. Je ne prends pas ma musique trop au sérieux, je veux juste être Adam, et faire des chansons, sans que celles-ci ne me remplacent totalement. Mais ça ne m'empêche pas de rester très attentif dans mon travail.


<< article précédent
Là-haut, sur la colline