Les largués


X-Men 3de Brett Ratner (EU, 1h43) avec Hugh Jackman, Famke Janssen...Comment reconnaître un film confectionné de bout en bout par des producteurs inaptes ? La recette miracle nous est fournie ce mois-ci par le petit Brett, de Los Angeles. Reprendre au cadrage et au bouton de costume près l'esthétique des films précédents, faire des coupes franches dans un scénario pour qu'il ne tienne aucune de ses promesses (filmer la mort de personnages clé sans susciter la moindre émotion, transformer les héros supposés en figurants aussi opérants que des figurines de plastique), pour donner au finish l'impression d'avoir voulu en finir avec la saga, et pouvoir, enfin, lancer les films dérivés. Ce qui n'est pas vraiment un mal : s'ils sont tous du calibre de Catwoman, on devrait avoir de belles tranches de franche rigolade en perspective. FCConversation(s) avec une femmed'Hans Canosa (EU, 1h25) avec Helena Bonham Carter, Aaron Eckhart...Si toute l'originalité de Conversation(s) avec une femme tient dans sa forme, nous avons comme un problème. L'auteur utilise en effet la technique du split screen : un procédé qui consiste à diviser le cadre en plusieurs parties, de la première à la dernière seconde. Pour l'histoire, rien que du très banal. Un homme et une femme se sont aimés puis quittés. Ils se retrouvent à un mariage et revivent un instant leur passé commun, mais chacun dans sa moitié d'écran. Le split screen lasse rapidement et ce ne sont pas les rebondissemnents de ces retrouvailles pépères qui tiennent en éveil. Ajoutez une bande originale signée Carla Bruni et sortez du ciné avec mal aux yeux et mal au cœur. DAKamikaze Girlsde Tetsuya Nakashima (Jap, 1h42) avec Kyoko Fukuda, Anna TsuchiyaSoit Momoko, charmante adolescente ultra-individualiste fascinée par la mode rococo (froufrous, oisiveté et ombrelles en dentelle...), élevée en pleine campagne japonaise, et Ichiko, bad-girl en puissance, membre d'un gang de motardes délinquantes. Leur amitié naissante va servir de (mince) fil conducteur dans ce film destiné aux préadolescentes japonaises fascinées par l'improbable look des deux héroïnes. La réalisation est digne d'un manuel de mise en scène rédigé par MTV et l'intérêt global de la chose des plus limités. Mais qui sait, peut-être sommeille en vous l'âme d'une jeune midinette tokyoïte ravie devant tant d'outrance graphique ? 666, La Malédictionde John Moore (EU, 1h48) avec Liev Schreiber, Mia Farrow...Remake du film de Richard Donner de 1976, 666 relate les premières étapes de l'avènement de l'antéchrist sur terre, sous la forme d'un jeune bambin maussade élevé par des parents ignorant tout de la chose. Alors que le film original surfait sans complexe sur le succès de L'Exorciste sorti 3 ans auparavant, cette nouvelle version rame plutôt dans le sable. Interprétation épouvantable (Liev Schreiber, en dessous de tout), invraisemblances en tous sens, tentatives de raccord avec l'actualité complètement foirées, la liste des griefs est longue, et plombe littéralement une intrigue "a priori" porteuse. Le plus pénible étant sans doute les effets sonores massifs, qui vous décalquent littéralement les tympans à chaque scène-choc, faute de réussir à créer la frayeur par de plus nobles moyens. En deux mots, c'est raté.Dans la peau de Jacques Chiracde Karl Zéro et Michel Royer (Fr, 1h30) documentaireOn comprend bien l'attrait d'un personnage tel que notre Président pour un personnage tel que Karl Zéro. Et sur le papier, le projet semblait voué à dresser un portrait sans fard de Chirac l'homme, le concept, sa vie, son lapin, sa femme. Si le film dispense généreusement des séquences d'archives hilarantes, occasionnellement montées de façon efficace, une suite d'erreurs artistiques plombe irrémédiablement le métrage : une voix-off pesante (assuré par un Didier Gustin en fausse retenue), des allers et venues chronologiques franchement déroutantes ou une tendance fâcheuse à l'anecdotique pour atténuer le propos, par ailleurs assez inexistant. Soyons indulgents, on y rit tout de même plus d'une fois, mais plus du héros que de son détournement poli et finalement assez attendri. FCJe vous trouve très beau d'Isabelle Mergault (Fr, 1h37) avec Michel Blanc, Medeea Marinescu...S'il fallait expliquer le succès mystérieux du film au box-office, on tablerait sur le traitement de la misère sentimentale actuelle, mais surtout sur la performance impeccable (comme toujours) de Michel Blanc en paysan fruste. Sa seule performance suffit à donner au film d'Isabelle Mergault ce qui lui manque d'âme pour exister, au sein d'un scénario et de sa mise en image on ne peut plus plan-plan. Sérieusement, imaginez n'importe quel autre Bronzé à sa place, et tutoyez l'horreur cinématographique le temps d'une pensée fugace. FC


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