Le peloton


PARIS JE T'AIME Film collectif (Fr, 2h) avec Natalie Portman, Steve Buscemi... Dix-huit cinéastes nous proposent leur vision de la rencontre amoureuse dans la capitale de l'hexagone : coup de foudre pour certains, râteau pour d'autres. Le projet est audacieux mais le résultat final déséquilibré. Les réalisateurs les plus heureux ne sont pas forcément les plus prestigieux : les principales réussites viennent des cinéastes ayant contourné le thème imposé de la rencontre amoureuse pour nous offrir des variations surprenantes. À l'opposé, il est décevant de voir Wes Craven livrer une œuvrette touristique, ou Gus Van Sant (mal) ressasser son thème de l'incommunicabilité sentimentale. La meilleure variation vient encore des frères Coen qui détournent le thème imposé du romantisme parisien pour s'acharner sur un touriste américain paumé. Le caractère inégal des sketches aboutit à un film bâtard, parfois émouvant, parfois convenu et le sentiment global est celui d'un bel objet un peu vain et à la nécessité discutable. NMDIKKENEK d'Olivier Van Hoofstadt (Bel-Fr, 1h24) avec Marion Cotillard, Dominique Pinon... "Dikkenek" désigne, en argot bruxellois, le genre de flambeur que les marseillais appellent "kakou". Le film suit dans un violent désordre les mésaventures d'individus parvenus à divers stades de démence, dans une Wallonie de cauchemar à faire pâlir les habitants du Groland. La Belgique, sous la caméra d'Olivier Van Hoofstadt, est une terre d'épouvante régie par une violence à la limite du cartoon. La paire de baffes est la forme d'échange la plus répandue et les personnages rivalisent de grotesque dans des scènes à l'humour parfois glauque. Dikkenek revendique haut et fort l'hénaurmité de son univers, qu'il parvient paradoxalement à rendre touchant grâce aux prestations des acteurs. L'œuvre est assurée de provoquer des réactions épidermiques, sa rugosité pouvant exaspérer, voire révulser certains. Pas toujours maîtrisé mais toujours authentique dans son outrance, Dikkenek est réservé aux estomacs solides : ceux qui parviendront à le digérer ne devraient pas regretter le voyage. NMAvrilde Gérald Hustache-Mathieu (Fr, 1h36) avec Sophie Quinton, Nicolas Duvauchelle...Malgré ce qu'en dit son réalisateur, difficile de ne pas voir de concordances entre ce premier long et La Chatte Andalouse, son court multi-récompensé. Même si ce postulat n'est au final pas plus dérangeant que cela, on sent vite les limites de cette prime incursion dans un format plus étiré. Hustache-Mathieu parvient à instaurer un rythme langoureux, qui finit malencontreusement par se déliter au fur et à mesure que les rapports entre les personnages s'intensifient. Paradoxe, ce paisible déchaînement de passions donne l'impression de tourner en rond, pour finalement se mordre la queue au gré d'un finale à l'emporte-pièce. On accordera le bénéfice du doute à son auteur jusqu'à son prochain film ; un homme parvenant à caser autant de fois Christophe dans sa bande-son ne peut pas être fondamentalement mauvais. FCL'Âge de glace 2de Carlos Saldanha (EU, 1h26) animation D'accord, d'accord, on est un peu déçus et le 2 n'est objectivement pas aussi réussi que le 1. Les références bibliques sont un peu lourdingues, le voyage initiatique a une légère tendance à s'éterniser et la morale est un peu flippante (que chacun accepte d'être ce qu'il est et la terre sera repeuplée). Quelques bons points tout de même : c'est visuellement très réussi et Scrat (l'écureuil préhistorique qui essaye d'attraper la noisette) est au sommet de sa gloire alimentaire et gaguesque. Ajoutons qu'un mammouth qui se prend pour un opossum et qui dort la queue pendue à un arbre, c'est un peu drôle non. Non ? DAC.R.A.Z.Yde Jean-Marc Vallée (Qué, 2h09) avec Michel Côté, Marc-André Grondin...Zachary est le quatrième rejeton d'une portée de cinq mâles. Il grandit dans une famille québécoise ordinaire, où l'on ne manque de rien et où les hommes n'ont pas vocation à devenir des fiottes. Pour ne pas décevoir ce père qu'il admire tant, Zac se ment, drague des filles et s'essaye à cette " vie normale " qui ne veut pas de lui. Crazy a juste failli être bien. On n'a rien à reprocher aux acteurs et l'on est plutôt content que le réalisateur échappe aux clichés du genre. Crazy perd pourtant de son efficacité en se répandant en d'improbables épisodes narratifs (comme l'interminable voyage à Jérusalem) qui nous font immanquablement décrocher. DA


<< article précédent
Les largués