A man with a job

Dj / Habitué de la Fée Verte et résident à la Rose des Vents, Salaryman fait partie des 2500 dj's qui séviront au Port Rambaud le 21 juin. Trip-hop, drum'n'bass et hip-hop dans son attaché-case. Propos recueillis par Emmanuel Alarco


Comment en es-tu venu à passer des disques ?Salaryman : Les premiers vrais chocs, c'est Prodigy, The Chemical Brothers, Fatboy Slim, Daft Punk... Tout ça vers 97, un sacré grand cru cette année ! Mais bon, ce n'est pas pour autant que je me voyais dj. Plus tard, pendant mes études, j'ai rencontré un gars qui m'a fait tester le mix et quelques mois après, j'ai acheté mes premières platines, sans prétention aucune. Jusqu'au jour où je me suis dit que ce serait marrant d'arrêter de mixer uniquement pendant des soirées entre potes bourrés et j'ai fait un premier mix en public, puis un deuxième, un troisième, etc.Quel regard portes-tu sur la scène électro/Dj lyonnaise ?Ouh là, ça c'est la question avec laquelle je peux me mettre un paquet de personnes à dos ! Bon, autant préciser tout de suite : je suis assez jeune dans le milieu et je n'en connais pas tous les méandres ! Cependant, je pense que cette scène est plutôt variée (electronica, techno, breakbeat, trip-hop, électro hip-hop, drum'n'bass), pourtant, je trouve que, pour la deuxième ville de France, les occasions de jouer ne sont pas si nombreuses que ça. Et c'est d'autant plus vrai dès que la musique diffusée devient un peu pointue, moins "connue". En fait, s'il y a un problème avec le public lyonnais, c'est peut-être qu'il a un peu de mal à tendre l'oreille vers quelque chose d'inhabituel, surtout quand il a bu ! Ce qui est triste aussi, c'est le décalage, pour ne pas dire le retard, entre Lyon et le reste de la France, comme c'est le cas pour la drum'n'bass par exemple : les artistes français qui percent en Angleterre sont parisiens, toulousains, montpelliérains... enfin, tout sauf lyonnais ! Mais bon, tout n'est pas si noir et je me réjouis de voir que le breakbeat sauce capitale des Gaules, même si je n'adhère pas toujours à ce style, monte en puissance mené de main de maître par Flore. Côté électro hip-hop, les Gourmets commencent sévèrement à faire couler de l'encre sous les ponts. Sans parler des Nuits Sonores dont la programmation très techno "boum-boum" nous gratifie à chaque fois de belles surprises : Dj Vadim, Coldcut, Q-Bert, Dj Craze, Adam Freeland, Subtle et j'en passe... Manquent plus qu'Andy C et Dj Hype pour que ce soit un véritable "panorama des musiques éléctroniques" ! Bon, ok, c'est de la critique très facile que je fais là, parce que pendant que nos amis d'Arty-Farty (les organisateurs de Nuits Sonores, ndlr) galèrent à organiser ça tout au long de l'année, moi je me tourne les pouces. Et puis, n'oublions pas que si ce festival n'était pas là, eh bien la scène électro lyonnaise en prendrait un sacré coup !Un bon dj pour toi, c'est quoi, c'est qui ?Je pense que c'est une personne qui est suffisamment futée pour faire accepter ses goûts aux publics grâce à sa technique. Quelqu'un de très manipulateur, en fait. Le Dj parfait pourrait me faire écouter du Yvette Horner en plein mix, j'en tomberais amoureux. En fin de compte, c'est toujours agréable quand des personnes viennent te voir après un mix et te disent : "ce que t'as passé, c'est absolument pas mon style et pourtant j'ai bien aimé." Tout comme il est très agréable d'avoir la reconnaissance du milieu, des gens qui sauront beaucoup plus analyser la qualité de ton boulot, quand qualité il y a ! Personnellement, je suis fan de Dj Hype qui arrive à mixer de très bons disques ragga/jungle tout en scratchant sur son propre set. En "scratch and mix", il y a aussi les Scratch Perverts, un duo d'Anglais qui mixe aussi bien du hip-hop, du breakbeat que de la drum. Et bien sûr Dj Shadow, Kid Koala et les Birdy Nam Nam qui eux exploitent au maximum les bidouillages d'une platine. Mais là, on parle carrément de composition.Est-ce que tu vis de la musique ? Est-ce que ça fait partie de tes envies ?Whaouh, vivre de la musique... Ouais entre 5h et 6h du mat', enfin quand je rêve quoi... Non, je me suis assez vite rendu compte, par les récits de bon nombre de personnes plus expérimentées, que vivre en tant que Dj, c'est une chose réservée à une poignée d'élus. Et puis quand tu es arrivé à ce stade, ce n'est pas forcément évident tous jours. Mais bon, je suis quand même assez con pour y croire ! On verra bien... Après, mes envies sont un peu celles de tout un chacun : bien manger, bien boire, trouver une fille bien aimable, dormir un peu plus longtemps, pouvoir se payer le câble pour regarder Equidia, monter sa propre marque de cure-dents, savoir se mouvoir tel Aldo Maccione, retrouver Groquik sur les paquets de Nesquik, faire des pubs pour Optic 2000, démasquer les assassins de Kennedy et puis trouver l'intégrale de Dolph Lundgren en DVD.


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Une affaire de famille