En roue libre

Festival / Cinquième édition et même principe, les Invites de Villeurbanne proposent trois jours de concerts, de théâtre de rue et de métamorphoses urbaines. Retour sur un concept qui a su faire la différence. Dorotée Aznar


Un bref coup d'œil aux programmations des différents festivals qui jalonnent la France cet été suffit à s'en rendre compte : les Invites de Villeurbanne n'ont pas volé leur appellation de "festival pas pareil". Les Invites se démarquent par leur programmation ; n'y cherchez pas les dix artistes qui ont pris un abonnement et une date dans chaque manifestation ; à Villeurbanne, les organisateurs se flattent de laisser la place à la découverte. Les Invites ont également la particularité d'être un festival 100% municipal et, élément non négligeable, totalement gratuit. "Au départ, les Invites ont été créées pour travailler avec les associations et la population de Villeurbanne. Il s'agissait de proposer des actions artistiques de découverte gratuites, dans la ville, afin que les publics de la culture et les habitants qui n'ont pas de pratique culturelle puissent se rencontrer", raconte Bernard Sevaux, directeur des affaires culturelles de Villeurbanne. Être un festival de restitution avant d'être un festival de diffusion, tout en conservant une programmation artistique de qualité, peu de manifestations peuvent se targuer d'une telle performance, et d'un tel succès. En trois jours, les Invites ont attiré près de 90 000 spectateurs l'an dernier, quelques-uns séduits par des têtes d'affiche -d'ailleurs peu nombreuses-, la plupart descendus presque naturellement dans la rue pour ce rendez-vous récurrent.Sur le filL'implication des habitants de Villeurbanne est l'ingrédient magique de la recette. Ils sont les acteurs de la manifestation, participent à la construction des décors et à la métamorphose de leur ville. Patrice Papelard, directeur artistique du festival veille à ce que cet événement reste avant tout celui de la population locale. Gardien de "l'esprit" des Invites, sans jamais tomber dans la démagogie, il travaille également à trouver un équilibre entre musique et arts de la rue, pour que les disciplines se complètent sans s'étouffer ou se nuire. "Mon travail, c'est de l'utopie. Je n'ai pas l'intention de plaire à tout le monde. Notre créneau, c'est la musique world et la découverte. Nous cherchons à séduire un public multiculturel et intergénérationnel et tant pis si les zappeurs sont déçus", affirme-t-il. Et puis les déçus ne sont plus si nombreux et les Invites semblent faire plutôt faire l'unanimité. Alors certes, l'unanimité est toujours un peu suspecte et re-certes, les mairies ont la dégaine facile dès qu'il s'agit d'investir à grands frais dans l'événementiel. Mais quand ça marche et quand un petit festival décalé réussit à rallier à sa cause un public toujours plus nombreux, il serait dommage de ne pas s'incliner, bien bas.Les InvitesDu 15 au 17 juinÀ Villeurbanne


<< article précédent
Come back