Flamands déviants


Musique / Cette année encore, chouette panorama sonore proposé par le festival. Des acrobaties de platines de Birdy Nam Nam aux collages cinématico-hip-hop de Wax Tailor ; des bizarreries insaisissables de l'excellent Fantazio aux cuivres rutilants de The Herbaliser, en passant par la surf music déglinguée de Messer Chups ou le folk de Sébastien-l'ami des stars-Martel (guitariste pour Camille ou -M-); une belle escouade de spécimens ultra singuliers a été recrutée pour escorter une créature non moins louche venue de Belgique : Zita Swoon (après Tg Stan, Anne Teresa de Keersmaeker, c'est définitivement l'année flamande à Lyon !). Groupe ou plutôt tribu, emmenée par l'éminemment charismatique Stef Kamil Carlens (un sécessionniste de dEUS), Zita Swoon a toujours repoussé les limites de la pop music en mêlant ses envies musicales les plus contradictoires sans complexe (folk, disco, glam-rock, soul, cabaret...) et en n'hésitant pas à sortir des sentiers battus de la scène - en s'acoquinant notamment avec le théâtre ou le cinéma. L'an dernier, soucieux d'abolir la frontière entre spectateurs et artistes, les Anversois ont abandonné les planches pour jouer à hauteur d'homme, au cœur des clubs où ils se sont produits, encerclés par un public invité à vibrer au plus près d'un groupe en chair, en os et à portée de main. Ce dispositif, simple mais redoutable, a donné lieu à un enregistrement et à un film live (mais sans public), Camera Concert A Band in a Box (ChikareeV2), qui capturent admirablement l'état de grâce de cette configuration intime. Dans des tenues quasi acoustiques, les chansons de Carlens y dégagent une classe folle et sa voix, sublimement soutenue par celles des trois magnifiques choristes, y fait des merveilles, entre Arno, Dylan et le Bowie du début des 70's, celui qui chantait comme... Dylan ! Un élégant coup d'œil dans le rétroviseur sur une dizaine d'années d'aventures musicales à la déviance toute belge. Qu'ils jouent sur, sous ou dans la scène des Invites, il ne faudra absolument pas rater ça.Emmanuel Alarco


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Le théâtre fait le trottoir