Liaisons dangereuses


Théâtre / Quand Faure s'attaque à Musset, on s'avance prudemment vers le Théâtre de la Croix-Rousse. Et on en repart content. On avoue pourtant avoir craint le pire. C'est en effet d'un œil plus que circonspect que l'on voit Olivier Hémon entrer en scène pour incarner Dame Pluche avec robe de circonstance et voix de castrat. On s'attend à la caricature primaire et pas rigolote pour un sou. Il n'en est rien, l'acteur sait être drôle sans être gras, incongru sans être ridicule... chapeau bas pour crâne lisse. C'est l'une des forces du spectacle. Préserver ses apparences de fable légère, jusqu'au dénouement final, tragique. Alterner les épisodes légers et graves, sans ruiner l'émotion. À cet exercice, le choix du décor s'avère particulièrement judicieux. Un lieu unique, une immense étendue de gazon en pente, permet aux personnages de s'épier, de glisser l'un vers l'autre, de faire mine de s'éloigner pour mieux se retrouver (ou l'inverse). L'apparente innocence des jeux de Camille (Anne Comte) et de son cousin Perdican (Marc Voisin) est soulignée par la sobriété de la mise en scène et des costumes. Ni les textes déclamés (parfois), ni les intrigues secondaires ne réussissent à parasiter un ensemble de très bonne tenue. Aux jeux des amours qui finissent mal, Faure a eu le bon goût de s'entourer d'une équipe de choc. La distribution est irréprochable et on ne manquera pas de souligner la performance de Giles Olen, dans le rôle du baron qui assiste impuissant au dérapage et à la ruine de l'avenir radieux qu'il prévoyait pour son fils et sa nièce. Son jeu totalement décalé et parfaitement maîtrisé, ses allures de golfeur blasé font de lui un élément clé dans la réussite de cette pièce. Dorotée AznarOn ne badine pas avec l'amourJusqu'au 2 juinAu théâtre de la Croix-Rousse


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