Pop en chambres

Pop / Après bientôt 2 ans de bons et loyaux services, A Song sort son premier véritable album. De la pop aux idées larges qui ne s'en laisse pas conter, par un quatuor bien trempé. Emmanuel Alarco


Pas évident quand on a vu un groupe jouer à peu près une douzaine de fois en deux ans, de conserver un esprit critique clair et de déployer une argumentation digne de ce nom. Non seulement on a vu A Song écumer tout ce que la ville compte de scènes rock, mais on peut même se targuer d'avoir assisté à la naissance du groupe. Un soir d'été 2004, sur l'Île Barbe, les Rams partagent la scène avec Scalde et les Purple Lords. Seulement voilà, leur leader Benoît (par ailleurs bassiste des Purple) a quitté le groupe et c'est Tibo (batteur des Purple, faut suivre !) qui le remplace au pied levé. Après une prestation chaotique, forcément, et une récidive au Sirius quelques jours plus tard, les Rams s'autodétruisent et choisissent d'emboîter le pas de leur nouveau capitaine et de se consacrer à la mise en son collective de l'ouvrage solitaire de Tibo, songwriter en chambre des plus prolifiques, autant marqué par la pop que par les concassages électroniques d'Aphex Twin ou les embardées jazzistiques de John Coltrane. Nice so niceUn an et une flopée de concerts plus tard, le quatuor fait partie de la triplette gagnante Dandelyon 2005 et, plus ardu, s'impose lors du Tremplin organisé par le festival Musiques en Stock à Cluz, ce qui lui vaut de se produire sur une grande scène et l'édition d'un 4-titres live à 1600 exemplaires (avec pochette dessinée par le plus rockophile des dessinateurs de BD, Monsieur Charles Berbérian). Au même moment, commence l'enregistrement d'un premier album d'envergure - un 8 titres auto-produit avec disques puzzle et Popswirl s'était déjà gentiment écoulé - avec un label fraîchement créé par l'ingé-son Christian Hierro, Back To Mono. Cet album, joliment baptisé Hôtel de Nice, tente de capturer l'essence de la musique d'A Song, soit une pop aux ambitions mélodiques de premier ordre et aux lignes de fuites innombrables. Une gageure. Pour commencer avec les choses qui fâchent, on retrouve sur le disque le petit travers du groupe : une légère tendance à délayer, à répéter les refrains plus que de raison ou à écrire le couplet de trop, ce qui, loin d'être une simple considération mathématique, nuit tout simplement à l'efficacité des morceaux. Passé ce modeste bémol, inclinons-nous devant un frontman aux vertus de compositeur évidentes et à la voix sacrément aventureuse. Affamée, même, tant son appétit mélodique fait plaisir à voir, à mille lieues de toute notion de complexe ou d'inhibition. Soutenu par un attelage soudé et sacrément fier lui aussi, ce jeune homme, fait définitivement partie des plus belles promesses de sacre national (et plus si affinités) que la pop d'ici puisse compter.A Song + The Green Olive + Ex-MagnoliaAu Marché GareVendredi 5 mai à 20h


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