Voyage au bout de la nuit


Théâtre / On pensait, on espérait avoir touché le fond. Il faut croire que non, qu'il nous fallait réellement découvrir les abysses du genre avant de pouvoir revoir la lumière. Commençons par les points positifs. En assistant à Écarte la nuit, on réalise que le mot comédien qualifie bien une profession et non pas tout individu se piquant de déclamer un texte sur les planches. Dédouanons d'avance l'auteur, qui n'est pas pour grand-chose à cette catastrophe, et la mise en scène, plutôt moins désolante que le reste. Charles Juliet livre une œuvre sur les errances d'un homme, tiraillé entre ses peurs, sa volonté d'échapper aux brutalités du monde et des hommes et sa soif de vivre. La seule erreur de Monsieur Juliet est de confier son texte à l'association Sirocco. Le jeu est tout bonnement inqualifiable, puisque ce n'est pas de jeu dont il s'agit mais de trois potes qui se font plaisir à aller tâter de la scène devant leurs amis. Petit détail ayant son importance, cette gentille petite fête de famille est également ouverte au public qui risque de débourser 14 euros (en plein tarif) pour assister à la chose. C'est tout de même un peu inquiétant. Parce que nous on dit oui aux espaces dédiés à l'émergence, et re-oui aux subventions de la Ville dédiées à cet effet. Mais signer un chèque, cela ne suffit objectivement pas ; il faudrait veiller à voir un peu ce qui en est fait. Et savoir ce que l'on entend par "émergence" dans notre bonne ville de Lyon. L'émergence, comme son nom et le Robert l'indiquent, devrait a priori avoir vocation à sortir un jour la tête de l'eau et pas à voguer pendant des lustres à 20 000 lieues sous les mers. Ni à cautionner les amateurs ou les moustiques qui se prennent pour des lions. Dorotée AznarÉcarte la nuitÀ l'Espace 44Jusqu'au 7 mai


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