Fleur de printemps


Electro-pop / Sous Björk française pour les uns, exception culturelle pour les autres, Emilie Simon n'en reste pas moins une fleur atypique dans le paysage de la chanson actuelle. Depuis son éclosion en 2003, la brune au charme de porcelaine, délicate et gracile, n'a de cesse d'approcher la musique électronique comme une machine directement connectée au coeur. Après sa formation pointue (conservatoire + IRCAM) couronnée par 2 albums "Victoires de la Musique", elle ressurgit de sous la glace avec Végétal, un troisième opus aux airs de fée botanique. Des comptines bucoliques, intimistes, oniriques. Une sensibilité à fleur d'écorce. Végétal s'écoute comme on se promène, romance poétique sous la caresse du printemps, dans un jardin secret hanté par des filles aux bras de lierre, des fleurs amnésiques et des arbres de fer rouillés par la nostalgie... "J'ai tendance à me sentir très à l'aise avec la mélodie, à flotter facilement, confie-t-elle de sa voix sucrée. Alors j'avais envie que cet album me ramène à la terre, aux racines. J'ai voulu creuser tout ce qui est basses et rythmiques."Creusé jusqu'à la sève, Végétal sonne de fait comme son album le plus sophistiqué techniquement, ses arrangements complexes et luxuriants n'étant pas sans évoquer le scalpel électronica de Matmos, période A chance to cut is a chance to cure. Loin du cocon feutré de son premier disque, la voix aussi déchire sa chrysalide, et l'organe d'Emilie se fait ici moins pudique, plus consistant. "L'expérience de la scène a joué pour beaucoup dans cette assurance que j'ai trouvé sur le plan vocal", avoue-t-elle. Fi des prestations à l'eau de rose, ses concerts ont la réputation de plonger l'auditoire dans une intense hypnose, qui réinvente sa musique en redonnant de l'importance aux silences... Désert antartique versus bourgeons électroniques... Une fleur bleue ressurgie du grand blanc... Quoi de plus frais pour chanter l'arrivée du muguet ?Stéphanie LopezEmilie Simon, mardi 9 mai au Transbordeur.


<< article précédent
Voyage au bout de la nuit