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Marionnettes / Pendant cinq jours et, fait assez rare pour être remarqué, pendant les vacances scolaires, Moisson d'Avril investit de nouveau la ville, armée de ses marionnettes et d'une envie d'en découdre avec les clichés. Dorotée Aznar


Moisson d'avril, le festival de marionnettes organisé par la compagnie des Zonzons, sort l'artillerie lourde pour cette troisième édition. Pendant les cinq jours de la biennale, les spectacles ont lieu toute la journée et chaque soir, un événement différent invite le public à la découverte : une exposition, un jeu de piste, un concert, une "grande nuit de la manipulation", du théâtre dans la rue et enfin la nuit de clôture avec les Puppetmastaz. Autour d'une dizaine de lieux (salles de spectacles, théâtres, bars et rues), près de trente compagnies s'associent à l'événement. De quoi, espèrent les organisateurs, affirmer l'identité de la biennale, qui souffre d'un manque de reconnaissance du public et des institutions. "La biennale est à l'image de la marionnette : complexe. Le public pense souvent qu'il s'agit de théâtre pour les enfants or, la marionnette est universelle et touche tous les publics", explique Stéphanie Lefort, directrice et programmatrice de Moisson d'Avril. Les acteurs du théâtre de marionnettes revendiquent d'ailleurs leur statut de créateur et souhaitent se débarrasser d'une image quelque peu ringarde. "À Lyon, on veut associer Guignol au spectacle populaire et familial. Pourtant, aujourd'hui, c'est dans le théâtre de marionnettes qu'a vraiment lieu l'innovation parce qu'on y trouve une conception de l'espace scénique qui mêle la danse, le théâtre et la musique", lance Stéphanie. Alors, générateur de lien social l'ami Guignol ? Sans aucun doute : "les marionnettes peuvent réconcilier un certain public avec le théâtre et créer du lien. Le langage est universel et le public nécessairement actif. On lui demande de créer, avec les acteurs, une nouvelle réalité à partir de morceaux de bois", assure la programmatrice. Création vs subventionPuisque de création il est question, la biennale est l'occasion de montrer au public ce qui se passe dans la jeune création en particulier. Beaucoup d'artistes utilisent les nouvelles technologies, où l'image virtuelle remplace le corps de l'acteur. Pas forcément au détriment de la poésie. Ce qui reste, c'est la magie des histoires et l'art de la mise en espace. Le seul regret des organisateurs n'est pas à chercher du côté de la programmation mais des moyens mis en œuvre. Le coût de la manifestation avoisine les 135 000 euros, la Ville de Lyon apporte son soutien à hauteur de 40 000 euros, la Région allouant 10 000 euros de subventions. "Nous sommes novateurs, légitimes mais peu aidés. Seuls les chefs d'entreprise et le public nous soutiennent. Heureusement que nous pouvons compter sur les partenariats privés ; c'est ce qui nous sort la tête de l'eau", confie Stéphanie. Avant de conclure : "la marionnette est un art fragile qui ne déplace pas les foules. La Ville devrait jouer le jeu". Moisson d'avrilDu mercredi 26 avril au dimanche 30 avrilProgramme détaillé sur www.moissondavril.com


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