"On a sauvé les meubles"

Entretien Jean-Marc Mougeot, programmateur de L'Original


Le parcours du combattantLe festival a failli s'arrêter à la deuxième édition. Après le succès de la première, la mairie nous a laissé entendre que nos subventions seraient plus élevées en 2005. Quelques mois après, on apprend que l'on n'aurait que 10 000 euros, au lieu des 50 000 de l'année précédente. Finalement, après des tergiversations sans fin, on a obtenu 30 000, au dernier moment... On a sauvé les meubles, mais après ça, beaucoup de gens ont quitté le collectif, démotivés. On a hésité à remettre le couvert. Face aux sollicitations, on s'est dit que ça valait le coup, mais cette fois-ci, on a exigé de la ville qu'elle nous donne une réponse claire dès septembre. On a obtenu 30 000 euros et des tarifs sur le Transbo qui nous permettent d'économiser 20 000 euros. Ajoutés aux 5 000 euros de la région et aux 8 000 du Grand Lyon, ça nous a permis de construire le festival plus sereinement.La programmationCe qui était sûr, c'est qu'on voulait absolument le retour de la danse et du graff qui, en plus, sont des disciplines fédératrices permettant de toucher un public beaucoup plus large. Pour les concerts, évidemment il y a les têtes d'affiche, mais il y aussi le Clash MC qui est à mon avis un bon moyen d'intéresser les gens au rap, sans qu'ils aient nécessairement à adhérer à un discours, juste pour la performance. Et puis L'Original Party qui compte beaucoup pour moi. Ce n'est pas une soirée avec une tête d'affiche et un warm up, c'est une vraie teuf, avec dix mecs qui vont toucher à toutes les tendances du Hip Hop : old school, électro, turntablism... Le rêve, c'est de réunir tous les publics Hip Hop, du fan de rap US avec casquette de travers au mec de 40 piges plutôt old school, en passant par le punk à chien.Les mauvaises languesDes mecs de chez moi, à Rillieux, m'ont dit que c'était un festival pour bourgeois ; ils auraient aimé voir Sinik, Rohff, Booba, ou la FF. Il y a forcément des déçus. On ne peut pas multiplier les concerts. On est ouverts à tout, mais on ne peut pas négliger la réalité économique : on ferait bien des trucs plus expérimentaux, genre MF Doom, mais quel est le potentiel de ça ? On n'est pas encore en position de tenter ce genre de pari, l'année prochaine oui. On fait tout pour avoir du bon, avec une direction artistique précise, mais en sécurisant le truc. Ce que fait tout programmateur, je pense.


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