Laboratoire de théâtres

Théâtre / Sous des allures un peu complexes, le festival "Je est un autre" proposé par le nouveau théâtre du 8e est une rencontre entre metteurs en scène, comédiens et musiciens qui s'emparent d'une même thématique : l'altérité. Éclaircissements. Dorotée Aznar


Pendant trois semaines, le Nth8 propose au public de découvrir trois créations lors d'une même soirée et de faciliter la rencontre avec les écritures contemporaines. "Nous évoluons autour de thématiques comme l'idée du double, de l'artiste, du démon que l'on a en soi, des personnages imaginaires et des mythes dans lesquels chacun se projette. Nous proposons un voyage au public", raconte Sylvie Mongin-Algan, metteur en scène et membre du collectif de création les Trois-Huit. À l'origine, des solos d'acteurs devaient être présentés au public mais le projet du collectif s'est considérablement enrichi, jusqu'à devenir un festival : "beaucoup de propositions sont venues s'agglutiner aux nôtres, l'ENSATT notamment nous a proposé des textes et nous avons enrichi la programmation", explique Sylvie Mongin-Algan. Création et publicSi l'on accuse régulièrement le théâtre de création d'exclure le public, on constate que le nouveau théâtre du 8e a su trouver le sien. "La création est une aventure, le spectateur aide à la création et doit trouver son propre chemin vers le théâtre, analyse Sylvie Mongin-Algan. Le nouveau spectateur de théâtre est un voyageur, il peut prendre plusieurs chemins. C'est pourquoi il faut lui présenter des actes de création et lui permettre de mettre à l'épreuve son sens critique", ajoute-t-elle. Pour sa troisième saison dans les lieux, l'équipe du Nth8 ne cache pas sa satisfaction : "Rien n'est acquis mais ce qui est important c'est que le public réponde à notre démarche. Celle de proposer un théâtre de création, où l'objectif n'est pas de tout aimer mais de découvrir". Lors de la première semaine de représentation, Un grand silence prochain, la création de Jean-Paul Delore, a reçu un accueil enthousiaste. Et ce n'est que justice, le metteur en scène ayant réussi à transmettre une véritable émotion et à mettre en valeur l'admirable jeu de Dieudonné Niangouna, sur des textes peu connus de Sony Labou Tansi. Performance d'acteurs et de musiciens, le travail de Delore est une recherche du sens et un questionnement de l'espace, loin d'un théâtre prétentieux et vain, que cette saison théâtrale à Lyon nous aura encore une fois servi généreusement. Au programme des semaines à venir de Je est un autre, on notera notamment un Althusser solo, d'après l'autobiographie de Louis Althusser, mis en scène par Guy Naigeon et Pirandello et moi par Hélène Duret. On ne pourra en dire davantage, ces pièces étant représentées pour la première fois.Festivals Je est un autreAu Nouveau Théâtre du 8eJusqu'au 21 avril


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