Mathilde est revenue

Portrait / Chorégraphe phare de la danse contemporaine, Mathilde Monnier est l'une des invités du week-end d'avril au CCN de Maguy Marin. Portrait. LH


Avec sa tronche de rockeuse manquée, cette sorte d'Iggy Pop au féminin a toujours eu le goût d'aller voir ailleurs si la danse y était. Invitée de marque du week-end créatif au CCN de Rillieux (voir programmation ci-dessus), Mathilde Monnier partage avec Maguy Marin le goût pour l'expérience des limites. Et notamment cette façon de malaxer les fondamentaux de la danse, de faire de chaque spectacle une véritable expérience, un instantané de l'art en train de se faire, sans pour autant tomber dans l'abstraction. Elle travaille avant tout les déplacements, des corps il va sans dire, mais aussi des genres, amenant la danse vers la musique (beaucoup) et la littérature (pas mal non plus). La liste de ses collaborateurs extérieurs est prestigieuse : Louis Sclavis pour Chinoiseries en 1991 ; PJ Harvey pour Publique en 2004, spectacle exclusivement féminin ; le vidéaste et compositeur de musique électronique eRikm pour Frère&Sœur l'an dernier ou tout récemment Philippe Katerine pour une chorégraphie en forme de futur proche, "légèrement hippie", intitulée Vallée 2008 et directement impressionnée des volutes textuelles du dernier album du grand déconneur de la pop expérimentale à la française, Robots après tout. Autre partenaire de renom : Christine Angot, avec qui elle était venue présenter une sorte de désintégration familiale, La Place du singe, en décembre dernier au théâtre de Givors, après avoir déjà orchestré avec la romancière un spectacle sur la démence en 1997 (Arrêtez, arrêtons, arrête).8mn + 12mn de bonheurPour l'ouverture du CCN de Maguy Marin, la chorégraphe, elle aussi directrice d'un centre chorégraphique national, celui de Montpellier, viendra présenter deux courtes pièces en solo : 8mn et 12mn. Deux variations schizophrènes où la danseuse évolue dans la limite du champ de sa propre image captée par une caméra et projetée sur le sol. Deux courtes pièces hypnotiques qui marquent le retour au bercail de celle qui fut formée à Lyon par Maryse Delente, cofondatrice de la maison de la danse, avant de connaître l'enseignement de Viola Farber de la Compagnie du grand ponte Merce Cunnigham. Après Slide, création splendide à l'Opéra de Lyon en septembre 2003, on ne demande qu'à la retrouver.


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Et toujours en été