Anna l'exploratrice


Expo / "Il est difficile de rencontrer un artiste qui ne connaisse pas le nom d'Anna Halprin, et pourtant elle n'est pas très connue du grand public... Les artistes de cette sorte sont rarement ceux qui ont la plus grande notoriété, même s'ils ont dégagé le terrain pour les autres." Voilà ce que déclarait Terry Riley à propos de la chorégraphe Anna Halprin, sujet et objet d'une exposition au Musée d'art contemporain. Parce qu'elle travaille en Californie et non pas à New York, parce que ses expérimentations artistiques ont toujours été collectives, parce qu'elle a privilégié une recherche incessante à la constitution d'un répertoire ou d'une compagnie, Anna Halprin est à la fois un personnage central et méconnu. La chorégraphe-performeuse (née en 1920) a croisé ou collaboré avec tout le bouillon artistique américain des années 50, 60 et 70 : Robert Rauschenberg, John Cage, Merce Cunningham, Robert Morris, et surtout les musiciens minimalistes La Monte Young et Terry Riley, ou les futures pionnières de la post-modern dance : Yvonne Rainer, Simone Forti, Trisha Brown... Qui a influencé qui : allez savoir, et à la limite qu'importe ! Tout ce petit monde s'est retrouvé un jour ou l'autre au San Francisco Dancers'Workshop, ou bien sur le plateau d'improvisation privé et à champs ouverts d'Anna Halprin. Dans sa partie, la chorégraphe a exploré les potentialités du corps (nudité, gestes et tâches quotidiens...) plutôt que le beau mouvement, ainsi que l'improvisation, la performance dans les rues de San Francisco ou des hangars d'aéroport... Dans les différents documents retraçant son parcours au Musée d'art contemporain (vidéos, photos, archives...), l'inventivité et l'énergie de l'artiste sont presque palpables. Pour n'en citer qu'un exemple : la vidéo Dancing my cancer où l'on voit l'artiste se livrer à une véritable révolte incantatoire contre son cancer, et nous donner une leçon de vie stupéfiante. Spinoza se plaignait qu'on en sache si peu sur ce que peut un corps : avec Anna Halprin, et cette exposition passionnante, nous voilà déjà un peu plus avancés. JEDRétrospective Anna HalprinJusqu'au 14 mai au Musée d'Art Contemporain.


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Mathilde est revenue