Voilà, c'est fini


Classique / C'est déjà la fin. La fin d'une saison époustouflante, cette année presque intégralement consacrée au piano, celle des Grands interprètes à l'Auditorium. Après Grigory Sokolov, pianiste monstre en début de saison, le classicisme raffiné de Nikolai Lugansky et la fougue d'Evgeny Kissin, voilà Leif Ove Andsnes, un des pianistes les moins connus du grand public et pourtant un des plus plébiscités sur la scène internationale. Athlète complet du clavier, aussi à l'aise dans l'ampleur orchestrale que dans les nuances romantiques, il a été concertiste aux côtés d'un des plus grands chefs actuels, son compatriote norvégien Mariss Jansons (ils ont gravé ensemble de superbes concertos de Schumann et Grieg chez EMI). Avant de s'affirmer à 36 ans comme un interprète solitaire d'exception : on lui doit notamment la métamorphose des Pièces lyriques de Grieg, trop souvent méprisées, dont il a enregistré une version de référence sur le piano même du compositeur (toujours chez EMI). Cadeau d'importance : le programme qu'il vient interpréter à l'Auditorium est à tomber, et (pour le pianiste) inédit au disque. À côté des Tableaux d'une exposition de Moussorgski, Andsnes interprétera les trop rares Klavierstücke de Schumann, quatre pièces galopantes qui promettent quand on connaît la fougue de la cavalcade avec laquelle il attaquait par exemple la Sonate funèbre de Chopin (disponible pas cher chez Virgin Classics avec la n°3). Last but not least, la 31e et avant-dernière sonate de Beethoven : une musique démembrée, libérée de tout carcan académique, portée par un adagio tout en douceur dramatique, suspendu comme un goutte-à-goutte mélodique où chaque note se répond tout en se posant comme un marteau solitaire. Un chant du cygne jamais désespéré qui se clôt sur une fugue s'abandonnant en son cœur pour s'ouvrir sur un chant mélancolique irrépressible. Sublime, forcément sublime. LHLeif Ove Andsnes vendredi 7 avril à 20h30 à l'Auditorium


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