Border line
publié dans Musiques par le Mercredi 29 mars 2006
Jérôme Minière / Que reste-t-il de cette époque folle où le label Lithium lançait quasiment un nouvel artiste par mois ? Outre les ténors, Dominique A, Françoiz Breut ou Expérience, et quelques francs-tireurs, Mendelson, Bertrand Betsch ou Oslo Telescopic, qui a survécu à la mort du label ? Un nom, scandaleusement sous-estimé, s'impose : celui de Jérôme Minière, déboulé en 96 avec sa voix d'adolescent (de 24 ans !) et ses bricolages attachants et ayant parcouru un bout de chemin depuis. Dès son premier album, Monde pour n'importe qui, l'Orléanais impressionne par son univers décalé au sein d'une "nouvelle scène", elle même déjà en marge. Boucles rythmiques artisanales, parlé chanté et surtout textes à coucher dehors. Le Visage d'une jeune femme muette, La Jalousie de la Vierge Marie, Monarchieindividuelleuniverselleetinfinie, autant de titres qui témoignent de la tournure d'esprit alambiquée du jeune homme, brillant observateur de ses contemporains et des vicissitudes de la vie moderne. Des phrases à rallonge que personne n'aurait jamais osé mettre en musique et dont Minière fait pourtant des chansons mémorables, léguant même un slogan à la postérité underground : "avoir un gros chien, c'est déjà un avis de défaite". Deux ans plus tard, c'est avec un projet modestement pharaonique que l'homme refait surface, un double album mi-chantémi-instrumental où il laisse libre cours à ses envies d'électronique ; La Nuit éclaire le jour qui suit est un autre diamant noir oublié de cette époque bénie... mais commercialement irrécupérable ! Exilé à Montréal, où il trouve un public plus curieux et réceptif, Minière officialise sa schizophrénie en créant Herri Kopter, personnage fantasmagorique qui sera désormais son alter ego électro. Retrouvant son état civil, il éblouit en 2003 avec Petit Cosmonaute, album plus acoustique irradié par une sérénité nouvelle, non sans rapport avec sa récente paternité, avant de renouer avec son doppelgänger sur Chez Herri Kopter en 2005. "Le courage, c'est d'être toujours un peu à côté, de tenir tête, pour ça nul besoin de frapper fort avec une arme ou de crier." Un refrain en forme de manifeste qui en dit long sur la démarche précieuse de mÔssieur Minière. EAJérôme Minière en première partie de Katerine le jeudi 23 mars au Ninkasi Kao