"Comme des musiciens de jazz"
publié dans Scènes par Dorotée Aznar le Mercredi 8 février 2006
Interview / Damiaan De Scharijver et Peter Van den Eede, comédiens dans My Dinner with André Propos recueillis par Dorotée Aznar
Comment vous êtes-vous préparés pour jouer cette pièce ?Damiaan et Peter : Nous avons décidé de travailler ensemble il y a sept ans, après avoir vu le film de Louis Malle. C'était la première collaboration entre nos deux compagnies (Tg STAN pour Damiaan et de Koe pour Peter, ndlr). Nous n'avons jamais répété dans un théâtre ou une salle. Comme nos personnages, nous nous sommes rencontrés dans des cafés et des restaurants. Nous avons d'abord traduit le texte, puis nous l'avons appris par cœur. Nous voulons préserver le naturel. Il s'agit de refuser la déclamation pour laisser la place à la communication. C'est le sujet de ce spectacle ; la pièce parle de la peur de se rencontrer, de la difficulté à communiquer et d'autant de sujets que trois heures et demie de vraie conversation permettent d'aborder : le théâtre, la mort, les femmes, la deuxième guerre mondiale...Quel lien souhaitez-vous tisser avec le public ?Le quatrième mur est cassé, il y a de la lumière dans la salle et l'on voit le public. C'est comme s'il était avec nous dans un restaurant, sauf que le restaurant est un théâtre. L'interaction avec le public est essentielle pendant la pièce. Aujourd'hui, nous ne réagissons pas comme hier et cette marge de liberté doit être préservée C'est d'ailleurs pour cela que nous ne voulons pas répéter. Nous voulons surprendre le public par la simplicité et l'honnêteté. La langue française est-elle un obstacle à votre jeu ?Nous avons d'abord joué ce spectacle en anglais, c'était plus simple pour nous et nous osions plus de choses avec le texte. En français, nos improvisations sont calées, même si le public peut avoir l'impression que nous sommes dans l'invention permanente. Au départ, la langue était comme une prison mais ce n'est plus le cas désormais. Nous essayons de jouer comme des musiciens de jazz, il faut connaître la partition par cœur pour pouvoir être à l'aise et savoir réagir sur l'instant.