La Force tranquille

Un deuxième album parfait et une formation scénique au taquet, Syd matters et son folk aux imparables accents pop occupent aujourd'hui une place de choix dans notre paysage musical. Leur passage par L'Épicerie Moderne est un rendez-vous immanquable. Emmanuel Alarco


Et si le meilleur groupe scénique français n'était pas Dionysos ? Par deux fois - après chacun de ses albums - Jonathan Morali alias Syd matters a apporté de l'eau au moulin de cette hypothèse. Épaulé par une bande de jeunes loups aux guitares crânes et à l'assise rythmique impeccable, notre homme a démontré que, non content d'être un des plus beaux spécimens d'orfèvre de studio récemment éclos, il se posait aussi en authentique animal de scène. Sans contorsion sauvage, ni acrobatie improbable (on n'a rien contre, mais chacun son créneau), simplement par une présence sereine, évidente, une voix limpide et des chansons follement épanouies au contact d'un groupe pétri de classe. Dans ses moments de fureur électrique comme dans ses respirations folk les plus apaisées, la musique de Syd matters ne semble jamais plus radieuse que lorsqu'elle sort de la tanière de son créateur. Escapades salutaires dont le besoin se faisait sentir sur un galop d'essai plein de promesses et de mélodies imparables - A whisper and a sigh - mais souffrant d'un léger trop plein de claviers floydiens et peinant dans sa deuxième moitié à maintenir le niveau imposé par des premiers titres de haut vol. Un disque de chambre à coucher tout de même assez remarquable (et remarqué) mais qui voyait les belles ambitions de son auteur un peu à l'étroit.Et la lumière futEn sortant au printemps dernier Someday we will foresee obstacles (ce titre !), Jonathan allait mettre tout le monde d'accord via des chansons flirtant plus que jamais avec les sommets du songwriting à l'anglo-saxonne et superbement mises en lumière, cette fois, par une production à leur mesure. La lumière, voilà bien la grande affaire de ce deuxième album touché par la grâce. Qu'elle filtre à travers les cuivres vibrants d'Obstacles, le refrain obsédant de Someday sometimes, le front de mer de To all of you ou les nuages changeants de Tampa Bay (les très beaux polaroïds du livret), c'est elle qui permet à Syd matters de basculer de la catégorie "artiste doué que l'on n'a jamais envie d'écouter" vers celle des "héros intimes qui tournent en boucle". De l'aube au crépuscule, de la déroute à l'euphorie, Someday we will foresee obstacles est de ces "disques-baumes" qui apaisent les douleurs et subliment les joies ; de ces lueurs tenaces qui, selon les jours, rendent la vie plus supportable ou plus belle. Et qui, cerise sur le gâteau, nous offre en live un pur moment de rock'n'roll.Syd matters + Luis Francesco Arena + May FlyÀ L'Épicerie ModerneVendredi 20 janvier à 20h30


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