La fête continue...

Théâtre / La saison théâtre a mis du temps à passionner, mais l'année a fini sur un beau florilège de spectacles enthousiasmants. La suite ne s'annonce pas mal non plus, avec de la vedette côté acteurs et de la pointure côté metteurs en scène. Christophe Chabert


Il aura fallu passer le cap (pas fameux cette année) des créations maisons pour entrer dans le vif de la saison théâtrale 2005/2006 et enfin trouver chaussure à notre pied : Ostermeier, Calvario, Meirieu, Morin, Pelly... Tous ont fini par nous redonner l'envie de voir du théâtre, parce que leurs spectacles, justement, étaient fondés sur un vrai désir de théâtre. De toute évidence, la suite des événements devrait confirmer cette bonne santé-là, car les affiches sont alléchantes. Commençons par les plateaux les mieux garnis : celui du Roi Lear (au TNP du 30 mai au 5 juin) s'annonce comme un véritable festin. La pièce de Shakespeare adaptée par l'excellent André Engel avec un véritable monstre sacré dans le rôle de Lear (Michel Piccoli), c'est sûr que ça met en appétit. En février, toujours au TNP, Georges Lavaudant s'offre aussi une relecture du grand William avec La Rose et la hache. Mais attention ! Le Richard III qu'il propose est celui revu et très corrigé par l'iconoclaste Carmelo Bene, qui se plaisait à compresser les grands textes dramatiques. Lavaudant avait monté la pièce il à 25 ans ; pour sa re-création, il a choisi de reprendre le même acteur, pour donner au spectacle un côté "vieux de la vieille toujours vaillants".Plats de résistanceRendez-vous inratable de la rentrée : My dinner with André, nouveau spectacle des géniaux TG Stan au Point du Jour. Pendant que les plats cuisent sur la scène, deux acteurs incarnant Wallace Shawn et André Benjamin (qui jouaient, eux, leurs propres rôles dans le film original de Louis Malle) se retrouvent et parlent d'eux, du théâtre, du monde, de tout et de rien... Une expérience redoublée par l'art exceptionnel de cette troupe flamande, qui invente un théâtre ni réaliste, ni distancié, mais les deux à la fois ! À la rentrée, bouchées doubles pour Michel Didym : une création aux Célestins (Pœub de Serge Valetti) et une autre à la Croix-Rousse (Face de cuillère, avec Romane Bohringer seule en scène), 2006 confirmera la montée en puissance d'un metteur en scène soudain "bankable" après le succès des Animaux ne savent pas qu'ils vont mourir. Au registre des hors d'œuvres inattendus, notons la présence en tant qu'auteur de Vincent Delerm, probablement un des hommes les plus détestés de France (pas par nous, en tout cas...) avec sa première pièce, Le Fait d'habiter Bagnolet (avec des titres pareils, c'est vrai qu'il cherche !), mis en scène par Sophie Lecarpentier à la Croix-Rousse. Dans le menu grand spectacle pour tous, conseillons la nouvelle création de Jérôme Deschamps aux Célestins, Les Étourdis, et la venue exceptionnelle du génial Michel Galabru, bête de scène comme on n'en voit peu, au Théâtre Tête d'or pour jouer Les Rustres de Goldoni. Et, en guise de dessert, la joie de voir Pierre Richard en solo sur une scène pour Détournement de mémoire, à la Salle Rameau puis au Sémaphore, au moment où l'on redécouvre son œuvre de metteur en scène et d'acteur de cinéma...


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Le grand retour