Retour de flammes

Musique / Avec "Asphalte Hurlante", premier opus magistral, La Caution s'imposait comme une référence novatrice du hip-hop français. 4 ans plus tard, Hi-Tekk et Nikkfurie sont de retour avec un double album aussi surprenant qu'inspiré. Propos recueillis par Damien Grimbert


Ce deuxième album est, par certains aspects, plus introspectif que le précédent...Nikkfurie : On a toujours fait les choses dans l'ordre. Le premier album, c'est celui où tu dévoiles ton univers. Avec ce 2e album, on entre dans le vif du sujet, dans quelque chose d'effectivement plus introspectif... 4 ans se sont écoulés, on a eu cette envie d'aller vers quelque chose de différent. Mais ce n'est pas non plus un album complètement introspectif, il y a quelques trucs par-ci par-là, comme par exemple Thé à la menthe, où on s'exprime vraiment de manière ironique autour d'éléments de notre enfance et de la manière dont on a pu les vivre. Dans l'ensemble, on a vraiment essayé d'être complet sur les différentes manières dont on peut aborder le hip-hop. C'était l'envie sur ce nouvel album.Vous semblez aussi plus en colère...On a surtout "élargi" le cercle de notre colère. Nous, on n'a rien demandé, rien fait, on n'a aucun problème, on n'a pas fait d'attentat, mais notre image s'est dégradée. Nous, on est super ouvert avec tout le monde, raison de plus d'être en colère quand les gens sont fermés sur nous. On est donc passé de la dynamique "on vit en banlieue, on a des problèmes" à une trame plus large comme sur Peines de maures, avec cet enfant irakien qui meurt d'une grippe à cause de l'embargo anglais et américain.Votre écriture reste cependant toujours aussi complexe, sophistiquée. Ça ne rentre pas en contradiction avec ce propos plus "politique" ?Non, je ne pense pas, c'est un peu comme ces peintres mexicains qui font des tableaux super compliqués avec 150 personnages dans des perspectives hyper bizarres : tu ne comprends pas tout, mais chaque chose, chaque petit bonhomme, de celui qui vole la bourse d'un riche dans le fond du tableau, au curé qui se fait décapiter au premier plan, joue un rôle dans l'ensemble. Et nous on a toujours fonctionné comme ça, on n'est pas là pour mâcher le travail aux gens, il faut en même temps qu'il y ait la beauté de l'écriture, c'est primordial. Musicalement, vous abordez aussi vos influences pop de façon plus frontale.On a des influences directes et indirectes. Nos influences directes c'est très clairement le hip-hop, c'est ce qui nous a mis une claque, de Run DMC au Wu-Tang en passant par Redman, ce qui fait qu'aujourd'hui on fait de la musique. Mais quand on était petit, on a grandi avec le Top 50 dans les oreilles, et on ne pouvait pas être insensibles à des trucs comme Duran Duran, même si j'ai jamais acheté leurs albums, c'est des trucs qu'on voyait en clip, qu'on écoutait à la radio...La CautionEn concert à la Marquise le mercredi 14 décembre (avec dDamage et Les Gourmets)"Peines de Maures"/"Arc-en-Ciel pour Daltoniens" (Kerozen)


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Pelly royal !