Coco charnel


Musique / Il était une fois deux sœurs américaines qui avaient été élevées séparément et qui se retrouvent des années plus tard presque par hasard. Elles décident alors d'aller partager un petit appartement parisien pendant un an où, pour célébrer leurs retrouvailles, elles commencent à faire de la musique avec les moyens du bord. Ainsi naquit Coco Rosie, de ce qui ressemble à un conte de fées d'aujourd'hui, trop beau pour être vrai, probablement déjà enjolivé par le téléphone arabe de la presse musicale. Mais le conte des sœurs Cassidy ne prendrait pas aussi bien si leurs chansons n'étaient pas, à leur tour, comme touchées par le merveilleux, comme écrites à même leurs rêves et leurs fantaisies de petites filles vivant dans quelque pays imaginaire, en tout cas inconnu des cartes trop rationnelles de l'esprit folk. Sur La Maison de mon rêve, leur premier album, on entend ainsi des comptines jouées d'une guitare pas toujours assurée, des bruits d'animaux venus d'une dictée magique, un tambourin, une harpe, une très artisanale human beat box et surtout deux voix magnifiques et complémentaires, l'une cristalline, l'autre éraillée. À elles deux, les sœurs Cassidy arrivent à concurrencer sur son terrain notre Camille nationale, ses acrobaties vocales et sa soul moderne et épurée. Mais le but est bien différent : Coco Rosie prétend à une sorte d'éden musical, un paradis retrouvé où l'inquiétude du monde et l'incertitude des passions humaines n'auraient pas leur place. Elles le confirment sur leur deuxième album, Noah's ark, qui est comme une variation avec des colocataires (et quels colocataires ! Anthony et Devendra Banhart ont loué la chambre d'amis...) de La Maison de mon rêve : dédié à leur mère, il explore un peu plus ce monde mystérieux et envoûtant fait de projections privées de films français, de bêtes pas sauvages et d'êtres transgenres. Cette musique, à fleur de peau, flanque la chair de poule et met les sens en émoi : une idée du bonheur, en quelque sorte.CCCoco RosieSamedi 22 novembre à la Salle Victor Hugo"La Maison de mon rêve" et "Noah's Ark" (Touch & GoPIAS)


<< article précédent
"On essaie juste de faire de bonnes chansons"