Les racines du mal


Livre / Le deuxième roman de John Burnside traduit en France démontre encore une fois la formidable santé d'une littérature écossaise qui s'inscrit avec force dans le paysage littéraire contemporain, grâce notamment à des auteurs comme Alasdair Gray, James Kelman ou Ron Butlin. Avec Une vie nulle part, l'auteur de La Maison muette livre un récit puissant, ambitieux, servi par une structure narrative complexe et maîtrisée, une écriture poétique et évocatrice qui sublime une profonde réflexion existentielle. Un roman impressionnant, dont l'action se déroule sur vingt ans, qui embrasse l'ensemble des constituants fondamentaux de la nature humaine : les racines, la mémoire, l'identité, l'amitié, l'amour, la famille, l'absence, le deuil, la culpabilité, le pardon, l'espoir... L'histoire débute dans les années 70 à Corby, une ville industrielle anglaise qui attire de nombreux émigrants en quête de travail. Parmi eux, deux familles, l'une écossaise, l'autre lettone, voient leurs destins s'entremêler à travers l'amitié qui lie deux de leurs enfants : Jan et Francis. La première partie du livre est constituée de chapitres qui abordent tour à tour chacun des personnages qui entourent les deux "héros". Des hommes et des femmes déracinés qui tentent tant bien que mal (alcools, drogues, musique) d'oublier l'atmosphère sombre et écrasante d'une cité poussiéreuse où les fleurs ne poussent pas. La seconde partie, épistolaire, décrit le périple de Francis, entre l'Angleterre et la Californie, alors qu'il a fui cet enfer, suite à la mort violente de son complice. Le retour du fils prodigue sur "le lieu du crime", presque vingt ans après, constitue l'ultime volet, poignant d'humanité, de cette œuvre magistrale aux allures de roman total. Yann NicolJohn BurnsideRencontre à la Villa Gillet le mardi 8 novembre"Une vie nulle part" (Métailié)


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Bateau hanté