Marianne, pleine de grâce


Musique / Ironie de la petite histoire du rock'n'roll ou symptôme d'une époque ? Marianne Faithfull entame sa tournée européenne consécutive à la sortie de l'album Before the poison au moment où les Rolling Stones lancent leur Bigger Bang qui bande encore. Marianne, maîtresse du Mick dans les seventies sex, drug and rock'n'roll, a aujourd'hui 58 ans, et tandis que son ancien amant joue les vieux beaux bondissants, elle pose en mater dolorosa un enfant sur les genoux. Elle en a connu d'autres, des amants réguliers (Gainsbourg, notamment), des vertes et des pas mûres, de la came et des médocs, de longues déprimes et des paradis artificiels. Depuis son beau Broken english en 1979, disque de référence d'une certaine contre-culture au moment du ressac, elle a cherché de nouveaux amis, des nappes de synthés chez Badalamenti, du bricolage à la Beck, des duos avec Daho... La femme amoureuse se faisait confidente (son rôle dans Intimité de Chéreau), lady next door qui accepte sans mélancolie de ne plus être une icône, et qui en devient une quand même. Avec Before the poison, c'est la Marianne-mère qui s'affiche ; elle en parle dans les belles chansons que lui ont écrites PJ Harvey, Damon Albarn, Jon Brion ou Nick Cave. Elle veut encore chanter l'amour, elle y croit toujours, pour elle et pour ceux qui viendront après. Et sa voix cassée a aujourd'hui le son patiné du vécu et de la vérité. Son tour de chant actuel, c'est une relecture d'un répertoire qui porte l'empreinte des grands (de The Ballad of Lucy Jordan à Sister Morphine), fantômes du passé soudain revêtus de la plus belle des enveloppes charnelles ; un corps qui a encore la foi, Faithfull, forever...CCMarianne FaithfullÀ l'Auditorium lundi 10 octobre"Before the poison" (Naïve)


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