dEUS plus si divin

Musique / Après 6 ans de silence, Tom Barman, leader de dEUS, entame une tournée autour d'un nouvel album frustrant, preuve que le groupe qui a mis sur orbite le rock belge est aujourd'hui à la traîne de l'école qu'il a engendrée. Christophe Chabert


Cette rentrée musicale est placée sous le signe du retour des anciens. Les Stones, Mac Cartney et Souchon trustent les unes de magazines parfois complaisants envers cette nostalgie qui abreuve déjà outrageusement les groupes d'aujourd'hui. Face à ces dinosaures, Tom Barman, l'âme inoxydable de dEUS, fait figure de jeune homme. Pourtant, le groupe et son leader sont restés 6 ans en sommeil, après une apogée brève mais fulgurante avec un quatrième album (The Ideal crash) qui a fait prendre conscience à l'Europe continentale que la Belgique était sa nouvelle capitale du rock. Le disque marquait pourtant un virage pour dEUS : finis les morceaux déjantés, déconstruits et insoumis des débuts ; The Ideal crash était un album pop efficace et brillant, propre sur lui, plaisant, avec de vrais beaux moments d'inspiration qui accouchaient de tubes imparables.Révolution sans reliefDe ce brasier (confirmé en live) naquit une première vague de groupes belges qui allaient largement profiter de l'engouement suscité par le groupe. Zita Swoon, créé par un membre démissionnaire de Deus, et Venus contribuent à placer cette galaxie belge sur orbite. Barman, de son côté, se tourne vers le cinéma et réalise un long-métrage (inédit chez nous), laissant la machine musicale tourner sans lui. Ce qu'elle fit sans demander son reste. Depuis deux ans, le rock belge fait parler de lui avec des groupes comme Girls in Hawaii, Hollywood Porn Stars, Ghinzu ou même un franc-tireur comme Austin Lace. Pour chacun d'entre eux, on peut mesurer l'influence de dEUS : Ghinzu ou Hollywood Porn Stars pour l'énergie scénique, Girls in Hawaii et Austin Lace dans une continuité pop avec The Ideal Crash. On comprend que Barman ait senti le besoin de revenir sur le devant d'une scène qui s'était tant nourrie de son travail de défricheur. Mais Pocket Revolution est une déception. La sirène de guitare qui ouvre le disque laissait pourtant espérer un opus flamboyant, nerveux, tendu. Ce premier morceau (Bad Timing) n'est d'ailleurs pas mal du tout, tout comme le suivant (7 days, 7 weeks). Mais la suite se perd dans une routine rock où le mur de guitares ne laisse apparaître aucune mélodie saillante, aucune chanson véritablement marquante. Barman se repose sur l'alternance entre le calme et la tempête pour donner du relief à un disque qui en manque cruellement. Surtout, il adopte ici une linéarité dans les compositions surprenantes de la part d'un groupe qui a tant contribué à les malmener par le passé. Reste l'espoir que le phœnix dEUS renaîsse de ses cendres sur scène, ce qui n'est pas impossible : c'est après tout ici que l'on voit si les "vieux" groupes en ont encore sous la pédale (d'effets).dEUSAu Transbordeur le vendredi 23 septembre"Pocket Revolution" (V2)


<< article précédent
Banc d'essais