Ils sont venus, ils sont (presque) tous là...

Théâtre / Rarement saison théâtrale aura vu défiler autant de metteurs en scène français reconnus, comme un morceau de patrimoine théâtral vivant providentiellement offert aux spectateurs lyonnais. Christophe Chabert


Cette année, le thème régional des Journées du Patrimoine est "Lieux et mémoires du spectacle". Mais en dehors des animations des 17 et 18 septembre, le meilleur moyen pour un Lyonnais cette saison de connaître le patrimoine théâtral, c'est d'aller voir des spectacles ! Car tous les grands metteurs en scène français ou presque viendront présenter une création à Lyon ou dans l'agglomération, offrant ainsi un panorama rarement vu ces dernières années de la richesse théâtrale contemporaine : Jérôme Deschamps, Jean-Louis Martinelli, Georges Lavaudant, Stanislas Nordey, Philippe Delaigue, Jacques Lassalle, Jacques Weber, André Engel, Joël Jouanneau et même Patrice Chéreau pour une lecture d'Hervé Guibert au TNP... C'est une véritable génération de créateurs qui se retrouve ainsi dans les méandres du calendrier, génération née avec la décentralisation du théâtre public, ayant eu, hier ou aujourd'hui, des responsabilités à la tête de grands centres dramatiques nationaux.La Pelle et la HachePremier constat : il y a ceux qui s'échappent et ceux qui creusent leur sillon. Ainsi de Deschamps et sa complice Macha Makeïeff qui, depuis qu'ils ont su recréer une troupe après l'âge d'or des Deschiens, s'emploient à faire fusionner sur scène le burlesque des corps singuliers et la grâce des voix et de la musique, comme si Tati mettait en scène le ballet des hippopotames de Fantasia ! (À vérifier aux Célestins avec Les Étourdis du 31 janvier au 19 février). Même constance chez Jouanneau qui poursuit son travail autour de l'œuvre de Jean-Luc Lagarce (après Juste la fin du monde au Point du Jour en 2001, J'étais dans ma maison et j'attendais que la pluie vienne à la Croix-Rousse du 8 au 11 novembre). Le cas Weber est plus étrange, vu qu'on ne sait trop si son Ondine est une commande de Laetitia Casta ou un projet vraiment personnel. Quant à André Engel, on était resté sur sa prodigieuse adaptation du Réformateur au TNP en 2001 ; son retour sur la même scène avec un Roi Lear (du 30 mai au 9 juin) au casting ahurissant (Piccoli, Desarthe, Farré ou les excellents Jérôme Kircher et Julie-Marie Parmentier) est pour le moins prometteur. Pour Philippe Delaigue, il y aura d'un côté la reprise de son diptyque Andromaque/Bérénice (au Sémaphore d'Irigny le 3 décembre), de l'autre une tentative de théâtre musical avec le Quatuor Debussy autour de la correspondance de Chostakovitch (Croix-Rousse du 11 au 15 avril). Encore plus aventureux, Jacques Lassalle adapte Marguerite Duras pour Monsieur X. dit ici Pierre Rabier (Croix-Rousse du 7 au 11 mars) et Requiem pour une nonne d'après Faulkner dans la version théâtrale écrite par Albert Camus (TNP du 14 au 21 janvier) ; Stanislas Nordey monte Cris d'après le roman de Laurent Gaudé (au TNP du 15 au 18 mars) ; et Martinelli présente Une virée au Point du Jour (du 13 au 16 février), une pièce du dramaturge algérien Aziz Chouaki. Mais le spectacle le plus excitant de cette belle moisson, c'est La Rose et la hache où Georges Lavaudant transforme par le biais de l'auteur italien Carmelo Bene le Richard III de Shakespeare en carnaval baroque. La pièce a provoqué l'enthousiasme des spectateurs qui l'ont vue la saison dernière ; sa reprise lyonnaise (au TNP du 14 au 18 février) est à ne manquer sous aucun prétexte.


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