Place aux jeunes

Théâtre / On avait le sentiment que le renouvellement des troupes à Lyon connaissait une période de stagnation. Si certaines ne sont plus très jeunes (10 ans d'existence parfois !), il faut reconnaître que la saison future leur laisse une place de choix. Christophe Chabert


Il y a celles qui émergent dans les théâtres consacrées à l'émergence ; celles qui persévèrent sur les scènes conventionnées au gré des résidences qu'on leur propose ; et celles qui se nourrissent de la fidélité née d'une collaboration fructueuse avec une salle. Les "jeunes compagnies lyonnaises", à l'arrivée, c'est toute une génération de metteurs en scène qui ont su non seulement se faire un nom, se construire une équipe et surtout imposer une esthétique. Les plus émérites ? Samuel Hercule et Emmanuel Meirieu. Le premier entame la tournée de son excellent La Barbe-Bleue dans les salles de l'agglomération (le 4 novembre au Polaris, le 9 décembre au Théâtre de Vénissieux, le 14 février à l'Atrium de Tassin), deuxième tome de sa trilogie de films muets sonorisés et mis en musique (et ici, parlé) en direct sur scène, avant de tenter une nouvelle expérience en mars. Sur la scène du Théâtre de Vénissieux (les 15, 16 et 17 mars), les spectateurs seront invités à assister au tournage d'un plan-séquence de vint minutes avant de rejoindre la salle où ledit plan sera ensuite projeté et accompagné en live par des musiciens. Détail important : la scène sera une scène de western ! Quant à Emmanuel Meirieu, il commence une trilogie polar au studio du Théâtre de la Croix-Rousse. À moins qu'il ne boucle discrètement un diptyque Jez Butterworth, l'auteur qu'il avait adapté (en douce, faute de cash !) dans son extraordinaire Baby King... The Night Heron (du 22 novembre au 11 décembre) devrait (même si le casting n'est pas encore bouclé à l'heure actuelle) reprendre la même troupe d'acteurs et le même principe : décor minimal, grande liberté laissée aux comédiens, désir de réalisme dans les dialogues et refus des artifices pour ne pas nuire à l'efficacité du récit.Jeunes mais pas innocents...Gwénaël Morin avait suscité l'enthousiasme avec son Mademoiselle Julie au Point du Jour il y a trois saisons. C'était pourtant (il ne s'en cachait pas) une commande pour ce metteur en scène dont les rapports au théâtre sont assez tortueux. Le voir se lancer dans un projet similaire avec Les Justes d'Albert Camus (du 5 au 16 décembre, toujours au Point du Jour) est assez excitant. On verra si le résultat est à la hauteur des attentes... Franck Taponard, remarqué avec son adaptation de La Peau et les os d'après Hyvernaud, s'installera avec sa compagnie La Fille du pêcheur à l'Espace Baudelaire pour y présenter Brenda Oward, une création née de la collaboration étroite entre le metteur en scène, la compagnie et l'auteur béninois Camille Adébah Amouro. Un spectacle qui reprend la forme du Salamé, une "forme d'expression orale" typique de la culture du Bénin. À suivre aussi cette saison, les nouvelles créations d'Olivier Rey et Emmanuel Daumas aux Ateliers, la résidence de Grégoire Ingold au Théâtre de Vienne, les deux spectacles "Claudel" (Camille et Paul) de Vincent Roumagnac à la Croix-Rousse, Des Anges Mineurs d'après Antoine Volodine par Joris Mathieu et sa compagnie Haut et Court à Vénissieux, le Faust par le Collectif des Esprits Solubles à l'Espace 44, Chhek to cheek de Camille Germser à la Renaissance... Qui a dit que le théâtre lyonnais était vieillissant ?


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Musique, maestro !