Femmes engagées, enragées, enchanteresses

Danse / Honneur aux dames : la saison danse sera marquée par la présence de plusieurs grandes figures féminines de la danse contemporaine et celle de chorégraphes moins connues mais tout aussi fougueuses. Jean-Emmanuel Denave


La danse, une affaire de femmes ? Pas si sûr... La chorégraphe américaine Trisha Brown déclarait récemment au journal Le Monde que "le nombre d'hommes qui dirigent des compagnies est disproportionné au regard de celui des femmes. C'est mon nouveau combat". Tentons donc de rétablir un peu de parité et notons que la nouvelle saison danse à Lyon fait la part belle aux femmes chorégraphes. Avec pour épicentre : le programme exceptionnel de l'Opéra intitulé justement "Jeux de dames" (du 12 au 19 février). Sasha Walz, Anne Teresa de Keersmaeker et Maguy Marin présenteront chacune une pièce récente avec leur compagnie et en transmettront une autre au Ballet de l'Opéra de Lyon. Une semaine très dense donc où il vous faudra vous rendre à deux reprises à l'Opéra pour assister à l'ensemble du programme. Parmi celui-ci : la reprise d'Umwelt de Maguy Marin, pièce radicale jouant sur les menus déplacements de la vie quotidienne, qui avait divisé le public du Toboggan l'an dernier ; l'un des rares solos de Keersmaeker, Once, sur une musique de Joan Baez ; une création de Sasha Walz. Autre événement phare : le Ballet de l'Opéra National du Rhin interprétera Dance, l'œuvre légendaire de Lucinda Childs (à la Maison de la Danse du 15 au 18 mars, dans le cadre de la Biennale Musique en Scène). Pour cette pièce créée en 1979, la collaboratrice de Robert Wilson et membre fondatrice du Judson Dance Theatre de New York, a travaillé en étroite collaboration avec le musicien Philip Glass et l'artiste minimaliste Sol Le Witt. Souvenirs souvenirs aussi avec l'exposition rétrospective consacrée à Ann Halprin (du 7 mars au 15 mai au Musée d'art contemporain/Biennale Musiques en scène), artiste californienne née en 1920, instigatrice de l'improvisation et des workshops expérimentaux en plein air, et inspiratrice de Simone Forti, Yvonne Rainer et Trisha Brown !MilitantesAux côtés de ces glorieuses aînées, on pourra découvrir cette année à Lyon une nouvelle génération de jeunes chorégraphes tout aussi iconoclastes et engagées. Par exemple lors des soirées "Uppercut de femmes" (au Toboggan du 4 au 8 avril) réunissant entre autres trois chorégraphes, certes peu connues mais annoncées comme frondeuses : Andréa Sitter, Veronica Vallecillo et Erna Omarsdottir. Frondeuse, mais aussi militante, telle s'annonce la pièce Strawberry Cream and Gunpowder (au Toboggan les 2 et 3 février) de la jeune Israélienne Yasmeen Godder. Aux frontières de la danse et du théâtre, sept danseurs et un musicien diront la violence de la guerre au quotidien et l'incongruité de son traitement médiatique. Enfin, la Brésilienne Lia Rodrigues présentera sa toute dernière création (au Toboggan du 29 novembre au 1er décembre). Ex-danseuse de la compagnie Maguy Marin et inspirée par celle-ci, la chorégraphe travaille dans les favelas et utilise le corps et la danse comme formes de résistance à l'oppression.


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