"Générer une envie de cinéma"

Interview / Marc Bonny, distributeur chez Gébéka Films, s'apprête à rouvrir (avec Marc Guidoni) en avril le Comœdia rénové. Propos recueillis par CC


Qu'est-ce qui va changer dans ce nouveau Comœdia ?Marc Bonny : Pour les salles, peu de choses, sinon le parterre de l'ancienne grande salle. Le parti-pris, c'est de ne plus l'utiliser, pour avoir de l'espace dans le hall. Il reste toujours 6 salles, on diminue la capacité globale, on enlève des fauteuils pour donner du confort et on les rend accessibles aux handicapés. L'ancien hall sera un ciné-café ouvert en même temps que le cinéma et au-dessus, un restaurant ouvert le soir et le week-end.Vous aviez des modèles de cinéma existants qui ont inspiré le Comœdia ?Pas à Lyon, c'est pour ça qu'il y a un manque. Mes deux modèles, ce sont certaines salles MK2 à Paris, surtout le MK2 Quais de Seine qui a le même volume, 6 salles, 1000 fauteuils. Et sur la philosophie, ce sont les cinémas Utopia. Ils ont trouvé une manière de présenter les films différentes de ce qui se fait d'habitude.Les Utopia construisent leur programmation à l'avance, sur un mois. Vous comptez faire la même chose ?Oui, ça fait partie des ruptures que l'on veut créer dans le rythme de consommation des films. Pour le spectateur, le fait d'avoir une information à l'avance peut lui donner envie d'aller voir des films qu'il ne serait pas allé voir sans ça. Le lieu doit avoir les outils de communication pour générer cette envie de cinéma.Est-ce possible sur Lyon sachant qu'il y a souvent une tension pour obtenir les copies, surtout en VO ?C'est le nerf de la guerre. Je ne peux pas préjuger de ce qui va se passer, mais il peut y avoir une réticence très forte, notamment des gros circuits qui peuvent faire pression sur les distributeurs. Heureusement, tout ça est réglementé par le médiateur du cinéma qui veille au libre accès aux films. Là-dessus, je suis résolument confiant. Et le projet, c'est quand même 6 salles de 80 à 300 fauteuils, avec de grands écrans, du Dolby partout, un confort que l'on ne trouve pas à Lyon pour ce genre de films, même dans les multiplexes.Ce genre de films, c'est-à-dire ?Difficile d'en parler en théorie. C'est films après films que la ligne du cinéma se créera, selon nos envies... Un lieu comme ça va devoir faire un certain nombre d'entrées pour trouver un équilibre économique. C'est un mariage entre le potentiel d'un film et notre désir. Il y a des films d'art et essai populaires, d'autres plus difficiles. Ceux-là, il ne faudra pas les présenter à 5 séances par jour pendant 7 jours. Il vaut mieux les garder sur la durée. Et je tiens par ailleurs à une programmation ciblée sur le jeune public.


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