Electrock'n'roll

Rubin Steiner, délaisse assez radicalement ses aventures électro-jazz et signe un nouvel album oscillant entre influences rock, électro et hip-hop. Propos recueillis par Damien Grimbert


De quand date ta rencontre avec l'électro ?Rubin Steiner : C'est venu super tard, vers 97. Je l'ai découvert par le biais de la musique expérimentale, je faisais un fanzine et une émission de radio sur le sujet à Tours, dans les années 90. J'écoutais plus des trucs comme ce qui sortait chez Mille Plateaux, des gens qui faisaient vraiment de la musique très minimale.Des trucs assez loin du dancefloor...Complètement, encore que sur les premières sorties de chez Mego, le premier Général Magic, ou le premier Fennesz par exemple, il y avait des morceaux qui étaient assez dansants. Bon, après j'ai découvert qu'il y avait la house music... Ça m'a bien fait mal au cœur d'entendre ça à l'époque. Le premier Daft Punk, il m'a vraiment fait rire, parce que pour moi, c'était le degré zéro de la musique. Tout était d'une simplicité à crever, c'était drôle... Je ne pensais pas que ça allait devenir l'étalon d'une nouvelle musique à venir, qu'on se baserait là-dessus pour faire de la musique. Ce premier album, dans son contexte état vachement marrant. Aujourd'hui c'est... J'aurais tendance à toujours défendre Daft Punk, quoi qu'il arrive, mais c'est vrai que le dernier album, je l'ai écouté une fois, et je sais pas si j'ai envie de le réécouter.Ta musique est très sophistiquée, intègre énormément d'influences, mais en même temps reste toujours très ludique. Faire un truc à la fois expérimental et fun, c'était un challenge ?J'arrive pas trop à réduire ma musique à son aspect fun, tordu ou exotique, ou je ne sais pas quoi. Mais bon, si je peux faire se rencontrer les amoureux de la musique chiante et les amoureux de la musique qui rigole, je serais très content... J'ai fait écouter le disque à un mec de 45 ans, qui n'écoute jamais de musique, qui n'y connaît rien du tout et il n'a rien compris ! Alors que pour moi, il est d'une évidence à crever ce disque ! C'est peut-être plus compliqué que je ne l'imagine.Il paraît que tu es assez fan de tout ce qui est bootleg et compagnie ?Ça dépend... Moi je fais ça vraiment pour rigoler, et je l'ai toujours fait pour ça d'ailleurs, pour amuser les potes. Et puis c'est devenu à la mode avec les 2 Many DJ's et du coup, maintenant, les gens veulent récupérer les vieux bootlegs que je faisais à l'époque, donc je les ai mis sur mon site. Mais au départ, c'est vraiment pour déconner, sans prétention et sans autre but que faire danser. Il n'y a rien de politique derrière. D'ailleurs j'ai toujours utilisé des morceaux connus pour faire les bootlegs, j'ai jamais essayé d'insérer des trucs obscurs et underground. Il y toujours des petits malins qui rajoutent un break d'Aphex Twin, par exemple, et qui trouvent ça bien alors que ça marche pas forcément.Sur ton dernier album, il y a un côté pas très propre dans les sonorités, j'imagine que c'est volontaire ?Un peu, mais c'est aussi parce que j'ai tout fait tout seul, et que c'est pas passé dans un gros studio et tout ça. Ce son pourri, il vient des limites techniques, de mes limites de connaissances du son aussi...C'est-à-dire que si tu avais eu la possibilité de faire le même album avec une grosse production ultra léchée, tu l'aurais fait ?Non ! Parce que j'ai envie de tout faire tout seul, ça me fout les boules ! A la fin, je suis allé chez Mr Neveux pour mixer des morceaux de l'album, et ça m'a fait bizarre de les mettre dans les pattes d'un autre gars, même si c'est Mr Neveux, qu'on est pote et tout ça... Ça m'a fait bizarre qu'il refasse des trucs que moi j'avais passé six mois à faire. Et du coup, sur l'album, il y a quelques morceaux qui sont mixés par lui, mais tout le reste, je l'ai refait après, j'ai tout remixé pour que ça sonne comme j'en avais envie. Sur scène, en revanche, tu te produis avec des musiciens ?Oui, ça s'appelle le Rubin Steiner Neue Band. Je joue de la guitare, je chante et j'ai des samplers. Et avec moi, il y a un bassiste, Sylvestre, qui jouait de la contrebasse avant, un batteur et un tromboniste, qui forment le groupe BoogeRS, en parallèle. C'est assez rock'n'roll, et ça rigole un maximum...


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