London dreaming

Musique / Responsable d'un des disques les plus bluffant de la rentrée dernière, Flotation Toy Warning vient promener sa pop onirique et insaisissable par chez nous. Échange foisonnant avec Paul Carter, chanteur, bidouilleur de sons et authentique gentleman. Propos recueillis par Emmanuel Alarco


La compositionDans pas mal de groupes, quelqu'un joue de la batterie, un autre de la guitare, un autre de la basse... Sur chaque chanson, tout le monde veut avoir quelque chose à faire. Pour nous c'est différent, on écrit le morceau et ensuite on voit s'il sera possible de le jouer live. Sur certains, il y a tellement de choses qui se passent qu'il est impossible pour 5 personnes de le faire sonner. La plupart du temps la musique naît avec Ben et moi qui passons beaucoup de temps à expérimenter avec des samplers, en nous amusant à enregistrer tout et n'importe quoi pour entendre les sons que ça peut donner, jusqu'à ce que quelque chose d'intéressant arrive. Parfois ça prend 1 minute, parfois des semaines !Musique perchéeC'est étrange car j'ai lu plusieurs papiers suggérant qu'on prenait beaucoup de drogue pour faire notre musique, mais si vous êtes quelqu'un qui a des idées très ennuyeuses, vous pouvez prendre autant de drogues que vous voudrez, vous aurez toujours des idées ennuyeuses. Aimer notre musique a plus à voir avec le fait d'avoir une bonne imagination qu'avec le fait de prendre plein de drogues, ce n'est pas nécessaire !L'univers visuel du groupePour l'album, on s'est beaucoup inspiré des encyclopédies des années 50, 60 avec beaucoup de dessins et de peintures du monde, des animaux, de l'espace... Surtout celles pour les enfants : elles présentent le monde comme la chose la plus magnifique et excitante qui soit, elles ont un point de vue très optimiste, pour suggérer aux enfants quel merveilleux futur les attend et quel monde surprenant ils vont pouvoir explorer. J'aime beaucoup cet optimisme vis-à-vis de l'avenir qui vient... du passé ! C'est très nostalgique. Aujourd'hui tout est plus immédiat, la télévision a remplacé ces photos mythiques de terres lointaines à découvrir, tout est dans votre salon, peut-être le monde réel est-il devenu plus brutal...L'imaginaireJe suis né dans une petite ville du Nord de l'Angleterre, pour pas mal de gens, il ne fallait pas espérer grand-chose, à part trouver un boulot dans un bureau. J'en étais très triste, mais je suppose que ça a développé mon imaginaire. Quand le monde est tellement ennuyeux autour de vous, vous avez intérêt à faire travailler votre imagination ! En vieillissant je me suis rendu compte qu'il y avait des tas d'autres choses excitantes dans le monde. C'est ce que raconte Happy 13 : aucune importance d'où vous partez dans la vie, vous pouvez trouver ce que vous voulez. Pour moi, c'était faire de la musique avec des amis et la jouer devant des gens. Jusqu'à l'âge de 25 ans, je ne pensais même pas que c'était possible ! Et puis j'ai réalisé qu'il fallait faire les choses, que personne n'allait choisir à ma place. Il faut juste prendre une grande respiration et se jeter dans le vide.Flotation Toy WarningAu Sirius le lundi 2 mai"Bluffer's guide to the flight deck" (Talitres/Chronowax)


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La planète des "diffuseurs-penseurs"