Plus Boom que Bip


Live / Chassez le naturel... Compagnon de jeu de Dose one sur l'inaugural Circle en 2001, puis maître d'œuvre d'un premier galop solo électro-éclectique, Bryan Hollon alias Boom Bip renoue aujourd'hui avec ce qui l'a tout naturellement conduit à la musique : les instruments. Si Seed to sun n'était déjà pas avare en mélodies de tout poil, son successeur Blue eyed in the red room enfonce le clou à sa manière, en laissant le soin à Monsieur Hollon en personne de tout jouer lui-même. Exit donc les samples capiteux à la Dj Shadow et les vagues réminiscences hip-hop, bienvenue à un son plus charnel (même les boîtes à rythmes ont gagné en sensualité !) au service de compositions toujours aussi généreuses. Première nouvelle, Boom Bip a la guitare qui le démange : qu'elle se fasse atmosphère ou riff tordu (dans les deux cas, le spectre de Sonic Youth n'est jamais loin), acoustique, avant d'être discrètement enchantée par la fée électronique (le magnifique One eye round the warm corner, qu'on jurerait piqué à Smog, puis amputé de la voix de Bill Callahan), la six cordes est au cœur des plus belles réussites du disque. Les machines ne sont pas en reste (The Move, sorte de relecture par Aphex Twin d'un hit imaginaire de Mylène Farmer !), les voix de Gruff Rhys (Super Furry Animals) et Nina Nastasia font deux bien belles apparitions, mais sans jouer les vieux cons de services, force est de constater que le rock (au sens très très large) est ce qui va le mieux au teint de cet électro-converti. À mêler ainsi ses aspirations mélodiques profondes et ses pulsions technologiques, Boom Bip rejoint Matt Elliott, M83, Mice Parade ou Squarepusher, cette famille d'inclassables qui embrassent beatbox et ordinateurs comme n'importe quel autre instrument ; corde supplémentaire à leur arc, permettant d'élargir le champ des possibles tout en ne perdant jamais de vue l'évidence : dans musique électronique, il y a aussi musique.Emmanuel AlarcoBoom BipÀ la Marquise le mercredi 20 avril"Blue eyes in the red room" (Lex-PIAS)


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"Mon objectif est de ne rien catégoriser"