En vouloir ou pas


Musique / Si on nous avait demandé il y a quelques années ce que l'on pensait de Rufus Wainwright, on aurait répondu à l'aune de ses deux premiers efforts : pas grand-chose. Puis vint Want one fin 2003, œuvre magistrale qui nous fit nous interroger sur l'état de propreté de nos pavillons au moment de l'éclosion du phénomène. Mélodies admirables, arrangements fastueux et voix au diapason : l'évidence même, avec en prime la perspective et la promesse d'une suite tirée en grande partie des mêmes sessions, Want two. Mais si on nous avait demandé il y a quelques semaines ce que l'on pensait de cette suite, on aurait répondu à l'aune des premières écoutes : c'est très bien, mais un peu moins que Want one. Sauf qu'une fois encore, on se fourrait le doigt dans l'œil ! Monsieur Wainwright était victime du syndrome saisonnier qui voyait tous nos héros nous revenir dans une forme un peu moins éclatante que lors des épisodes précédents, ce qui en soi paraît assez naturel quand on sait à quelle altitude vertigineuse chacun avait placé la barre. Quoi qu'il en soit, le disque a tourné en boucle et à y regarder d'un peu plus près, il n'a absolument rien à envier à son illustre prédécesseur. Au contraire, passée la première réaction un peu confuse liée à l'opulence de l'ensemble (c'était déjà le cas avec Want one), Want two s'avère plus sobre et moins inégal que son faux jumeau, dont il nous épargne notamment les deux ou trois croisades rock un peu trop grasses. Prises une par une, les chansons sont toutes de très haute volée et en rendraient plus d'un vert de jalousie : nul doute que David Byrne s'allongerait volontiers sous les Peach Trees, tandis que Neil Hannon partagerait avec plaisir un vieux piano forte avec sa Little Sister ; quand au Jean-Louis Murat dernière manière, il ne renierait en aucun cas la sensualité nerveuse de The one you love. Et puis The Art Teacher... à peine sortie de l'œuf et déjà un classique ! La liste serait trop longue mais bon, si on nous demande aujourd'hui ce que l'on pense de toute cette histoire, on vous le dira tout net : Rufus Wainwright est grand ! Emmanuel AlarcoRufus Wainwright (avec Keane)Au TransbordeurMardi 15 mars


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Heureux le nostalgique