"C'est la musique qui me porte"

Interview / Laurent Pelly, metteur en scène du Roi malgré lui. Propos recueillis par CC


Comment avez-vous découvert Le Roi malgré lui ?Laurent Pelly : C'est Yves Gall, l'ex-directeur de l'Opéra de Paris qui me l'a proposé. Mais il y a des hasards car on me l'a proposé en même temps à Amsterdam et à Lyon. Mon domaine de prédilection, c'est le XIXe siècle, mais quand on découvre ça, il y a à la fois un ravissement par rapport à la musique et une perplexité théâtrale. Le livret et les dialogues écrits, qui ne sont pas ceux du spectacle, sont terribles : on ne comprend rien, c'est hyper-confus. Comment on peut jouer ça aujourd'hui ? Parce que la musique le mérite absolument. Quand je fais de l'opéra, c'est toujours la musique qui me porte.Dans votre adaptation, vous jouez en permanence entre naïveté et parodie...J'avais une référence cinématographique, un film de Clouzot qui s'appelle Miquette et sa mère, qui raconte l'histoire d'une troupe de théâtre de seconde zone à la fin du XIXe siècle qui fait le tour des villes de cure avec une pièce sur le siège de La Rochelle. C'est un film que j'aime beaucoup, où il y a ce mélange de tendresse et de moquerie vis-à-vis de cet univers-là. Au départ, il y avait beaucoup plus sur le monde du théâtre, l'envers du décor. Et on a recentré sur ces trois personnages à qui il arrive ce cauchemar. Mais il y a une limite à ne pas franchir en matière d'ironie, c'est quand même l'œuvre que l'on monte... Encore une fois, sur ce Chabrier, ce que je trouve le plus fascinant, c'est la musique. Dans Le Roi malgré lui, on entend de la comédie musicale, Puccini, Debussy, de la grosse opérette bien crémeuse...C'est un mélange étonnant entre avant-gardisme et musique pompière...Oui, l'évangile de Notre-Dame, c'est une tarte à la crème... C'est ce qui est compliqué à monter : c'est pompier, conventionnel et avant-gardiste. Je suis très heureux d'aider à la redécouverte de Chabrier. À l'opéra, le répertoire est énorme mais pas infini. J'ai monté pas mal de trucs pas trop connus, mais au bout d'un moment on tombe sur Carmen, Don Giovanni, Les Noces de Figaro... Même les mélomanes ne connaissent pas vraiment Chabrier, il n'y a par exemple qu'un enregistrement du Roi malgré lui.


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La folie Pelly