Autopsie d'une présidence


Théâtre / Le président meurt dans les bras de sa maîtresse, une prostituée. Mort naturelle ou assassinat ? Bosc et Neveu (Rémy Carpentier et Yannick Laurent), ses deux plus proches collaborateurs, veillent aux affaires courantes et aux inventaires. En disparaissant, le président laisse de précieux carnets, objets de tous les appétits, et ses ordures, dans des poubelles encore chaudes et grouillantes. En coulisses, la succession se prépare, les secrets se monnaient. Dans ce polar, construit en diptyque, Lionel Spycher, propose de questionner vaines luttes de pouvoir et intrigues politiques, dont le sens même échappe aux initiateurs. La première partie, un peu sage, a le mérite de mettre en scène un Yannick Laurent étonnant de justesse dans un rôle tragi-comique. La seconde nous entraîne sur la voie du surnaturel, avec une personnification de l'utopie, assez déroutante, et peut être regrettable. Le changement de registre, certes audacieux, fait basculer le spectacle dans la farce, à la grande perplexité du spectateur. Plus généralement, on regrettera une distribution inégale, un sublime Claude Koener dans le rôle de Bernardjian et une pâle Laure Giappiconi, guère plus à l'aise dans son rôle que dans son costume. En dépit d'une mise en scène soignée, le texte ne tient pas ses promesses et Les Carnets du président restent une gentille petite pièce. Le propos se veut engagé. On entend pourtant une réflexion hâtive sur la gouvernance de la masse, une plaidoirie contre la démocratie qui peut faire sourire, mais pas au-delà. Si Spycher voulait choquer, c'est raté.Dorotée Aznar


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Le ciné-fils et ses enfants