La Compagnie des hommes


Théâtre / Baby King est un spectacle de mecs. Résolument. Forcément me direz-vous, puisque sur six personnages, aucun n'appartient au beau sexe. Soit, mais ce n'est pas tout. La dernière mise en scène d'Emmanuel Meirieu est un moment purement masculin, en cela qu'elle nous plonge, durant plus de deux heures, au cœur d'une mâle intimité des plus justes. Tout y est, ou presque. L'amitié et ses évidents corollaires (railleries plus ou moins bien intentionnées, trahisons...) ; le sens de l'honneur, les luttes de pouvoir et les comportements excessifs qui en découlent ; la figure paternelle, authentique ou de substitution, et son héritage parfois encombrant ; et enfin, l'immaturité masculine, part d'enfance dont la plupart ne se défont jamais vraiment, gardant à tout âge cette larme de naïveté qui rend le réel plus léger. Cette capacité à gloser des heures en rivalisant de bons mots, pour le simple plaisir de faire marrer les copains ; cette inclination pour l'imaginaire façon "on disait qu'on était des gangsters et qu'on avait des flingues" ; cette fâcheuse tendance à vouloir que "sa vie ressemble à un film de cinéma". Baby King est un spectacle de mecs, comme Husbands de John Cassavetes, La 25e heure de Spike Lee ou Le Plein de super d'Alain Cavalier sont de bouleversants films de mecs ; comme certaines œuvres maîtresses de Scorsese, De Palma ou Tarantino sont, elles aussi, imprégnées de cette belle essence virile (Tarantino réussissant, en plus, l'exploit de signer un merveilleux film de femme et même de mère avec Kill Bill vol.2 !). Baby King est un spectacle de mecs soit, mais il s'adresse en fait à tous ceux, dames et messieurs, qui savent apprécier la compagnie des hommes et de leurs fantasmes simples.Emmanuel AlarcoBaby KingMise en scène Emmanuel MeirieuÀ l'Elysée du 24 au 28 janvier


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Le pouvoir des mots