Expansions théâtrales

Public / Les théâtres de Lyon ont démarré la saison sous de bons auspices. Avec des taux de fréquentation à la hausse et un public qui tend à se diversifier, le théâtre a la côte. Panorama. Dorotée Aznar


Un coup d'œil sur les chiffres suffit à comprendre que le petit monde du théâtre lyonnais peut garder le sourire. À la Croix-Rousse, les abonnements ont augmenté de 11%, passant de 6300 abonnés en mars dernier à 7000 abonnés à l'heure actuelle. Tous les spectacles du trimestre ont affiché complet, des contemporains aux classiques, en passant par les spectacles en tournée. Le théâtre est au maximum de ses possibilités en terme d'accueil du public pour ce premier trimestre. Même son de cloche aux Ateliers où la saison a démarré en flèche : "Brecht a attiré quelque 2300 spectateurs à chacune des représentations, Parasites plus de 1300 pour 21 représentations", détaille Nicole Lachaise, secrétaire générale du théâtre. Et même si aux Ateliers la prudence reste de mise "car à partir de janvier le théâtre entre de nouveau dans la création et le nombre de spectateurs sera peut-être inférieur", nul doute que Lyon fait de la résistance lors d'une saison qui s'annonçait morose. Et ce n'est pas le Théâtre National Populaire de Villeurbanne qui viendra bouder cet optimisme de rigueur avec un taux de fréquentation de 100% depuis la rentrée. Des spectateurs nomades et libresLes Célestins sont quant à eux un cas atypique. La saison hors les murs entraîne en effet les créations dans des lieux aux jauges variées et pour un nombre de représentations parfois restreint. Les taux de fréquentation s'échelonnent donc de 100% pour Les Arts Sauts à 45% pour un spectacle comme Le Silence des Familles, peu annoncé, proposé aux Subsistances et traitant de la guerre d'Algérie. Cependant, avec un taux de fréquentation global de 80%, les organisateurs ont le sentiment d'avoir gagné le pari de la délocalisation. "De tels chiffres sont exceptionnels", rappelle Patrick Penot, administrateur Général du théâtre. Globalement, le public tend à se diversifier et le nombre de moins de vingt-cinq ans a augmenté de dix points en trois ans. Si les taux d'abonnements demeurent parfois élevés, comme au théâtre de la Croix-Rousse qui compte ce trimestre 61% d'abonnés, la location a désormais le vent en poupe. Plusieurs motifs à cette consommation culturelle à la carte. Les plus jeunes, plus mobiles et les spectateurs vieillissants rechignent à l'engagement. Cela s'est avéré particulièrement vrai pour les Célestins dont la saison s'échelonne sur dix-huit mois. Ces nouvelles pratiques ne sont apparemment pas un obstacle à la fréquentation, et le bilan général (provisoire) est des plus prometteurs. Toutefois, sécurité et audace font rarement bon ménage. Patrick Penot résume en une phrase : "les spectacles qui marquent ne sont pas forcément ceux qui plaisent".


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Philippe Harel