"Un goût pour les oiseaux rares"

Interview / Michel Raskine, directeur (avec André Guittier) duThéâtre du Point du Jour, qui fête le 10 janvier ses 10 ans. Propos recueillis par CC


Quel bilan faites-vous de ces 10 ans au Point du Jour ?Michel Raskine : Faire des bilans, ce n'est pas trop mon truc... Ce n'est pas à moi de le faire, c'est plutôt à vous ou au public. On n'a pas vu le temps passer. C'est la première fois que je dirige un théâtre, et pour l'instant, il n'est pas question de partir, parce que le Point du Jour a une autonomie assez rare. Il a plein de défauts, on le sait depuis le départ, mais on fait ce qu'on veut, et si ce n'était pas le cas, je ne resterais pas. Cette liberté vient aussi de sa situation géographique, de sa place dans la cité.Quelle est la spécificité du Point du Jour par rapport aux autres théâtres ?Nous ne bâtissons pas une saison par rapport aux autres, je n'ai jamais travaillé contre. Si j'ai envie de débattre, c'est sur le plan artistique de mes propres spectacles, mais avec les maîtres. Pour la programmation, on n'est obligé à rien. S'il n'y a pas assez de spectacles existants qui nous plaisent, il y en aura moins dans la saison. On essaie de procéder exclusivement par coups de cœur, et comme on n'a pas de contraintes liées au remplissage d'une grande jauge, ça nous épargne de faire venir des spectacles avec des vedettes ou des semi-vedettes. C'est ma propre curiosité de spectateur qui me guide, et j'espère qu'elle va rencontrer celle des autres. Il n'y a pas de stratégie ou de théorie, sinon une curiosité pour les oiseaux rares...Comment avez-vous construit cette soirée anniversaire ?Il était hors de question de faire une saison des 10 ans, soi disant plus intéressante ou plus pleine que les autres. On est parti de la date anniversaire de la première représentation au Point du Jour. Puis, on s'est dit : c'est quoi un anniversaire ? Un gâteau d'anniversaire. Et ensuite on s'est demandé ce qu'on allait mettre autour du moment où on souffle les bougies. On ne voulait surtout pas faire un bilan, mais un hommage aux comédiens. Dans ma création de mars jouent Marief Guittier et Thierry Gibault. On s'est dit qu'on allait faire quelque chose avec ces deux acteurs. On avait à notre disposition un documentaire sur Max Gericke très centré autour du travail de Marief Guittier. Et je me suis souvenu que j'avais vu en Avignon un solo de Thierry Gibault autour de la botanique, et on lui a demandé si ça l'intéressait de remonter le spectacle pour la soirée. C'est un cadeau, puisqu'il ne le fait que pour nous. L'idée, c'est quand même surtout de manger une part de gâteau avec une bougie dessus.


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