Les images dans tous leurs états

Musées / Risquons cette prédiction : 2005 sera une année de rêve pour les amateurs d'art. Avec trois expositions énormes consacrées respectivement à Warhol, à la photographie et aux liens entre Impressionnisme et cinéma. Jean-Emmanuel Denave


La saison 2004-2005 a démarré sur les chapeaux de roue avec deux expositions qui nous ont profondément marqués : la rétrospective Jordi Colomer (visible à l'IAC jusqu'au 16 janvier) et celle de Marc Desgrandchamps au MAC (dont on peut voir des gouaches récentes à la Galerie Métropolis jusqu'au 15 février). Les vidéos mises en scène du premier ré-interrogent notre rapport à l'espace et les canons de la représentation. Les peintures du second jouent avec les limites de la figuration, celle-ci se délitant en traces fantomatiques. Chez ces deux artistes, l'image bidimensionnelle est portée à ses limites, tordue en tous sens et significations, traversée virtuellement par d'autres dimensions et épaisseurs. "Imagination morte, imaginez" écrivait Beckett. L'image en deux dimensions (filmée, peinte, photographiée), ses tribulations et métamorphoses, seront encore fortement à l'honneur en 2005 avec trois "énaurmes" expositions hyper alléchantes... Le pape du Pop, le grand alchimiste des images et des icônes contemporaines, Andy Warhol, sera présenté au Musée d'art contemporain. On pourra voir les quinze dernières années de sa création, consacrées essentiellement à l'expérimentation picturale. Le MAC présentera une centaine de peintures (portraits de Mao, Shadows, Oxidations, sa Cène de 10 mètres de long....), mais aussi des photographies du New York des années 1980, des vidéos produites pour la télévision et quelques films tardifs (Heat, L'Amour...). Errances dans l'espace et le tempsAttendue depuis plusieurs années par les amoureux de la photo, la double exposition à l'IAC de Villeurbanne et au MAM de Saint-Étienne, La Photographie à l'épreuve, montrera la quasi intégralité des fonds photo de ces deux institutions. Soit un véritable régal : Lee Frielander, Jan Saudek, Claude Batho, Raoul Hausmann, Tony Ray-Jones, William Eggleston, William Klein, August Sander, les Becher, Jeff Wall, Walker Evans, Larry Clark... ! A priori, le musée de Saint-Étienne devrait exposer des figures historiques et l'IAC de la photo plus contemporaine. Très attendue elle aussi, l'exposition L'Impressionnisme et la naissance du cinéma (1885-1910) au Musée des Beaux-Arts tentera de montrer l'influence de la peinture impressionniste (Monet, Pissarro, Renoir...) et de la photographie (autochromes des Frères Lumière) sur les débuts du cinématographe ; croisements et mutations des arts, des images et des formes de représentation. Mutation des images aussi (peinture, vidéo, photo), brouillage des limites du visible et de l'invisible, à la Galerie Domi Nostrae avec une grosse expo consacrée au portrait et à la Défiguration (avec des œuvres d'artistes célèbres et passionnants : Yan Pei-Ming, On Kawara, Philippe Cognée, Till Freiwald). Enfin, se profile déjà pour l'automne la 8e Biennale d'Art Contemporain. Elle sera conduite sous la houlette de Jérome Sans et de Nicolas Bourriaud (directeurs du Palais de Tokyo à Paris) autour du thème "le temps de l'œuvre".


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