La petite boutique de Kaamelott


Analyse / L'univers de Kaamelott est conforme au contexte historique dans lequel il s'inscrit. "L'action est coincée entre la chute de l'empire romain, l'avènement du christianisme, les invasions barbares, les bouleversements géopolitiques dans l'île de Bretagne, la fin des traditions celtes, la polygamie et les premiers préceptes monogames..." explique Astier. Mais, évidemment, on est loin de la vision d'un John Boorman avec Excalibur. Les personnages parlent dans une langue qui est un mélange d'argot lyonnais et de gouaille audiardienne (grande référence d'Astier), un langage "musical" que l'auteur fait littéralement chanter dans la bouche de ses acteurs. Quant à la mythologie, elle en prend aussi pour son grade : les chevaliers sont lâches, égoïstes et surtout particulièrement idiots. On retrouve là le goût d'Astier pour des personnages constamment à côté de la plaque, crétins inoffensifs dont il se moque avec une certaine tendresse, dans la lignée d'autres grands artistes du dialogue et de la caractérisation, les frères Coen. Les bases sur lesquelles la série se développe alternent trois types de sujets : "La partie professionnelle avec la vie militaire, la vie des chevaliers, l'organisation de la quête ; la vie familiale avec toute la vie au château, puisque sa belle-famille, sa femme et ses maîtresses habitent avec Arthur ; et la partie spirituelle, Merlin, la Dame du lac, les premiers évêques, les anciens et nouveaux Dieux qui se percutent." Même si Astier dit avoir voulu éviter les références à l'époque contemporaine (il cite tout de même un épisode où Arthur tente d'abolir la peine de mort, provoquant l'indignation de ses chevaliers), on imagine que certains épisodes se plaisent à faire apparaître dans l'histoire des figures apportant un éclairage incongru sur la période (le dossier de presse annonce par exemple que l'excellent Loïc Varraut y incarne un "organisateur d'événementiel"). L'humour d'Astier tient dans ce jeu sur le normal et l'exceptionnel, du commissariat de quartier pris dans les remous d'un attentat dans le métro (Le Jour du froment) jusqu'à ce moyen-âge où chacun tente de tirer la couverture à lui plutôt que de servir l'intérêt général. Et si Kaamelott était à sa manière une série politique ? CC


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"Un terrain de jeu inépuisable"