Qui es-tu le film sur le SIDA ?


Le SIDA fait-il un bon sujet de film ? Le cinéma, à l'affût des grands thèmes pour nourrir ses fictions, s'est vite emparé de la maladie pour la mettre à toutes les sauces. D'abord, le film dossier : Les Soldats de l'espérance et Un compagnon de longue date tentent de faire une généalogie du SIDA conçu comme phénomène historique. Ensuite, le film témoignage. En France, c'est Les Nuits fauves de Cyril Collard qui fait figure d'étendard sur la question. Collard se met en scène dans son propre rôle de séropositif et devient le centre du film, mais aussi toute sa périphérie, jusqu'à une embarrassante soirée des Césars qui vire au sacre posthume. Aux Etats-Unis, point d'autofiction sauvage, mais un digne mélodrame évitant le pathos relou qui remplit à l'époque de façon (politiquement) correcte sa mission de sensibilisation, Philadelphia de Jonathan Demme. Le SIDA va ensuite devenir un élément parmi d'autres au sein de la fiction : c'est Jean-Hugues Anglade qui révèle sa séropositivité au détour d'une réplique anodine dans Killing Zoé, ou le (faux) suspense sur lequel repose Kids, premier film de Larry Clarke (l'adolescente jouée par Chloé Sevigny retrouvera-t-elle celui qui l'a contaminée avant qu'il n'en infecte une autre ?). Même en France, la donnée se banalise : Ducastel et Martineau tentent une comédie musicale autour du SIDA (Jeanne et le garçon formidable), Chéreau place un personnage secondaire séropo sans en faire un drame dans Ceux qui m'aiment prendront le train... Dans le même temps, la palme du mauvais goût trash revient à nos amis de Hong-Kong et à leurs fameuses Catégorie III (mélange extrême de sexe et d'ultra violence) avec la série Raped by an angel, dont le premier volet se conclut par une vengeance tordue (un violeur est "puni" en violant une fille séropositive sans le savoir). Dans le quatrième, plus de limites : on tente de refaire le coup au chef des violeurs, mais il part en ricanant un "Je l'ai déjà !". Le film le plus bis jamais tourné pour surfer sur la vague SIDA, c'est l'effroyable Killer Condom, nanar allemand distribué par les renégats de Trauma où des préservatifs mutants castrent les gens. Il contient toutefois une belle leçon d'espoir : on y voit un flic mono-testiculaire s'allier avec un transsexuel pour lutter contre l'invasion. Les histoires autour du SIDA ne finissent pas toujours mal...CC


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