La montée du contre-ténor


Musique / Entre un Haendel la semaine dernière à l'opéra (Sandrine Piau, magnifique malgré une gorge voilée) et un autre Haendel la semaine prochaine (l'oratorio Belshazzar par McCreesh à l'Auditorium, vendredi 10), vous prendrez bien un peu de Vivaldi. Pour coller à la virtuosité du plus juvénile des compositeurs italiens, on ne pouvait guère trouver mieux que Philippe Jaroussky. Jeune contre-ténor français, ce qui n'est déjà pas si courant, plutôt que de jouer les Farinelli entonnant les plus grands airs de Haendel pour la énième fois, il a su développer un répertoire choisi, notamment dans le baroque italien. Formé à l'école de Malgoire puis de Gérard Lesne, cette voix d'ange à la gueule poupine a déjà la maturité pour dénicher des perles manuscrites en amont de son travail d'interprète. On lui doit notamment l'exhumation des compositions de Benedetto Ferrari gravées sur un beau disque l'an dernier (Musiche varie). Mais c'est avec Jean-Christophe Spinosi et l'ensemble Matheus qu'il a rencontré la musique de Vivaldi, d'abord avec La Verità in cimento, puis dans le tout récent Orlando furioso enregistré pour la première fois dans son intégralité. Dans le cadre du festival de musique ancienne de Lyon, c'est encore à un territoire méconnu qu'il nous convie, celui des cantates pour alto et continuo qu'il viendra interpréter avec l'ensemble Artaserse. D'une voix de tête au naturel désarmant, Jaroussky possède une qualité rare chez les contre-ténors : la souplesse et la chaleur nécessaires à une véritable interprétation des textes. Véritables scènes d'opéras chahutées où se chamaillent intrigues de pouvoir et jeux de l'amour, ces cantates lui donneront à coup sûr de quoi aiguiser son talent.Luc HernandezPianti, sospiriCantates d'Antonio Vivaldi par Philippe JarousskyVendredi 3 et samedi 4 décembre à la Chapelle de la Trinité


<< article précédent
Les années 80, c'est plus c'que c'était