Lyon joue les outsiders

POLITIQUE / LORS D'UN SÉJOUR ÉCLAIR À BRUXELLES LA SEMAINE DERNIÈRE, L'ÉQUIPE TOUTE INVESTIE DANS LA CANDIDATURE DE LYON AU TITRE DE CAPITALE DE LA CULTURE S'EST PLACÉE SUR UN TERRAIN EUROPÉEN, SANS POUR AUTANT PERDRE DE VUE LA COMPÉTITION FRANCO-FRANÇAISE. Dalya Daoud


Qui ne soupçonnait pas l'existence de Kosice, seconde ville de Slovaquie, est prié de se renseigner un peu, car elle va devenir une nouvelle partenaire culturelle. C'est ce que se sont promis Patrice Béghain, adjoint à la Culture à Lyon, et Strantisek Knapik, maire de Kosice, lors de leur rencontre à Bruxelles, au coeur du quartier huppé des ambassades. Chacune des villes est candidate au titre de Capitale Européenne de la Culture car, c'est une nouveauté, deux trophées seront dorénavant remis, le second ayant été créé pour les pays nouvellement intégrés à l'Union Européenne (la Slovaquie pour 2013). Aussi les candidats français ont-ils été dès le départ encouragés à créer des liens avec les petits nouveaux. Et Lyon, bonne élève, s'y est attelée sur le champ, subissant à Bruxelles la description de Kosice par son maire : «notre cathédrale, nos parcs, et surtout nos filles, sans doute les plus belles d'Europe !» Un instant de malaise et trois tapes dans le dos plus tard, les maîtres d'oeuvre du projet lyonnais se penchaient à nouveau sur leurs chances de voir la ville gagner, l'atmosphère et la bière bruxelloises poussant à la confidence. BRUITS DE COULOIR
C'est vérifié : Lyon fait tout ce qu'elle peut pour décrocher ce titre que personne ne connaissait jusqu'alors (et pourtant comparé aux Jeux Olympiques par les initiés). Elle a déposé la première son dossier, lourd de soixante kilos, répondant à quarante questions techniques, mettant en phrases ses aspirations et projets tenus secrets (et en vérité pas tout à fait achevés) sur cent pages. Autrefois délivré dans des conditions opaques, le titre est supposé être soumis dorénavant à des règles précises. Mais cette «transparence» n'enlève pourtant pas à la compétition sa dimension politique. Si l'on sait que le ministère de la Culture chapeaute l'ensemble, la composition du jury reste à ce jour inconnue, et certains murmurent que la présidence de la République elle-même se pencherait sur le dossier. Dans les bruits de couloir, on entend aussi qu'Alain Juppé, maire de Bordeaux, aurait directement plaidé la cause de sa ville auprès de son ancien collègue, le Premier ministre François Fillon. Marseille, quant à elle, caracole en tête et trompette auprès de qui veut l'entendre qu'elle sera la gagnante, l'un de ses soutiens (sur www.marseille2013.org) osant même un «qui ne saute pas n'est pas marseillais». Enfin, Amiens, dont le maire Gilles de Robien est délégué du gouvernement, vient de s'ajouter à la liste française. Ainsi, Lyon, seule ville PS parmi les huit candidates, ne se place pas en pôle position. Pourtant, à la fois motivée, appliquée et (trop ?) sage, Lyon part confiante à la première étape de la sélection, la soutenance orale des dossiers, qui se déroulera du 17 au 19 décembre.


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