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B.O. / Dylan repris par la crème des musiciens internationaux : une bande originale qui prolonge le concept du film... CC


Dans I'm not there, pas plus qu'on ne le voit à l'image ou qu'on ne prononce son nom, on n'entend chanter Bob Dylan. Du coup, le concept de sa bande originale pharaonique (un double CD, deux heures quarante de musique !) semblait tout trouvé : réunir tout ce que la planète compte de rockers talentueux pour s'approprier les chansons de Dylan et en livrer des reprises fidèles ou très personnelles.Dans la voix de Dylan
Pour cela, Haynes a monté, comme il l'avait déjà fait pour Velvet Goldmine, un super-groupe qui a méchamment la classe : Lee Ranaldo (de Sonic Youth), Tom Verlaine (de Television), John Medeski (de Medeski, Martin & Wood)... Réincarnés en The Band, ils prennent visiblement plaisir à préparer le terrain à quelques voix d'exception. Eddie Veder (ex-Pearl Jam), Stephen Malkmus (ex-Pavement) et Karen O se prêtent à l'expérience : c'est la partie «comme Dylan» du disque, pas forcément la plus surprenante.Transformistes
Beaucoup plus amusante est la manière dont certains plient Dylan à leur univers musical : Cat Power fait la jonction entre le blues et la soul de Memphis dans sa relecture de Stuck inside a mobile ; Antony and the Johnsons envoient effectivement Knockin' on heaven's door frapper à la porte du bon dieu ; Charlotte Gainsbourg confère un double sens androgyne aux paroles érotiques de Just like a woman ; Sufjan Stevens transforme Ring them bells en symphonie pastorale ; Los Lobos (ouais, ceux de La Bamba !) font de Dylan un mariachi qui s'ignore ; et, last but not least, Sonic Youth emmène le poète folk dans un New York noisy et underground.Caméléon
Finalement, plus que le film lui-même, cette bande originale dit quelque chose sur l'art caméléon de Dylan, sa manière de ne jamais se satisfaire d'un style éprouvé, de prendre des risques, inventer un son, le rejeter aussitôt pour en créer un autre... Que des personnalités aussi diverses aient pu se glisser sans peine dans la peau d'un artiste insaisissable prouve qu'il a laissé derrière lui un trésor impérissable : de très grandes chansons.«B.O. I'm not there» (Sony/BMG)


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